Grégoire Rolland

Compositeur en résidence de l’Auditorium-Orchestre national de Lyon
Grégoire Rolland

Compositeur et organiste, Grégoire Rolland est compositeur en résidence de l’Auditorium-Orchestre national de Lyon pour les saisons 2024/2025 et 2025/2026.

Titulaire d’un master d’écriture (harmonie, contrepoint, fugue), d’un prix d’analyse, d’un master d’orgue et d’un prix d’orchestration du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, Grégoire a obtenu par ailleurs un master de composition de la Haute École de musique de Genève et une licence de musique et musicologie à l’Université de Paris-Sorbonne. Lors de ses études supérieures, il a eu pour maîtres Olivier Latry, Michel Bouvard (orgue), Fabien Waksman (harmonie), Pierre Pincemaille (contrepoint), Thierry Escaich (fugue et formes, improvisation), Philippe Lefebvre (improvisation), Michaël Levinas (analyse), Marc-André Dalbavie, Denis Cohen (orchestration), ainsi que Pascal Dusapin et Michael Jarrell (composition).

Composant aussi bien pour instruments solistes que pour orchestre, il s’inspire essentiellement de trois éléments : le grégorien, la nature et la culture asiatique, qui le passionne. Il travaille aussi sur la relation entre la musique et les autres disciplines artistiques ou littéraires, notamment la rhétorique, la calligraphie, la peinture et la photographie. Il développe depuis plusieurs années une technique de composition qui associe la temporalité de l'écriture des idéogrammes asiatiques et le déploiement de formes musicales correspondantes. 

Grégoire Rolland est lauréat des concours de composition de Saint-Bertrand-de-Comminges et Évreux, de la Fondation de Lacour, de l'Orchestre de Caen. Il a reçu des commandes d’institutions telles que Musique sacrée à Notre-Dame de Paris, la Fondation de Lacour, le Chœur et l’Orchestre de la Cité internationale universitaire de Paris, Radio France, l’abbaye de Sylvanès, Musique sacrée en Avignon, les festivals Les Très Riches Heures de l’orgue en Berry, Toulouse les orgues, La Bâtie de Genève, Chaillol, Nouveaux Horizons, l’ensemble vocal Sequenza 9.3, le chœur de chambre Dulci Jubilo, …

Ses œuvres ont été entendues en Europe (France, Suisse, Belgique, Angleterre, Espagne, Allemagne, Autriche,…), ainsi qu’aux États-Unis et au Japon. Elles sont interprétées par des artistes de renom tels que Pierre Bleuse, Philippe Brocard, Alphonse Cemin, Jean Deroyer, le Quatuor Girard, Wolgang Kogert, Olivier Latry, David Molard, Raphaëlle Moreau, Thierry Maeder, Marie-Ange Nguci, Thomas Ospital, Maxime Pascal, Tobias Willi,...

Applaudi en récital sur de nombreuses scènes aussi bien à l’étranger qu’en France, il est lauréat 2016 de la Fondation Banque populaire. Nommé en mars 2018 organiste titulaire de la cathédrale d’Aix-en-Provence, il est également professeur de composition, orchestration et écriture au Conservatoire à rayonnement régional d’Avignon.

En 2020, il a remporté le premier prix du Concours de composition de la cathédrale de Vienne (Autriche) et réalisé son premier enregistrement discographique en tant que compositeur et organiste. En 2021, l'Académie des beaux-arts lui a décerné le prix d'encouragement en composition musicale. En 2022, le chœur de chambre Dulci Jubilo dirigé par Christopher Gibert, et Thomas Ospital on gravé ses pièces pour chœur et orgue dans un nouvel album produit par Anima Nostra : Shēng.

ConcertS 2024/2025

Quatre questions à...

Vous avez une double formation d’organiste et de compositeur, et vous êtes aussi improvisateur. Comment vous présenteriez-vous à notre public en quelques lignes ?

Grégoire Rolland : Effectivement, mon activité artistique est plurielle, puisque je suis à la fois interprète, compositeur, improvisateur, et également professeur. J’essaie d’être avant tout un musicien, c’est-à-dire quelqu’un qui va chercher la musique partout où elle pourrait être, et qui va la questionner, l’organiser, l’expérimenter. Mais pour cela, et encore plus pour la créer, il faut s’enrichir sans cesse de nouvelle musique, de nouvelles expériences musicales et extra-musicales. Finalement, la curiosité semble être le guide qui me permet de m’épanouir pleinement dans mon activité artistique. Peu importe si je joue la musique, si je la crée, si je la compose : c’est toujours l’envie d’aller plus loin, de découvrir de nouvelles choses qui me motive, avant de partager cela avec le public.

Comment se concrétise la notion d’artiste associé lors de cette saison ?

G. R. : L’AO a souhaité que j’intervienne sous différentes facettes : à la fois comme compositeur, comme organiste, et comme improvisateur. Et pour cause, l’Auditorium abrite à la fois un orchestre, mais également un orgue ! Ma venue aura donc pour objet de créer avec les forces vives présentes tout en questionnant le lien entre orgue et orchestre. Certaines actions de médiation sont également prévues, dans la continuité de ma volonté de transmettre à tous les publics. En tant que compositeur, plusieurs de mes œuvres seront reprises cette saison. En tant qu’interprète, j’aurai l’occasion de jouer aux côtés des musiciens de l’orchestre à plusieurs reprises. En tant qu’improvisateur, je me mettrai aux claviers de l’orgue dans le cadre du festival Lumière.

L’orgue est-il présent dans toutes vos compositions ? Est-il une source d’inspiration ?

G. R. : Étant mon instrument, l’orgue est évidemment une source d’inspiration, parfois même un laboratoire sonore, en explorant ses multiples possibilités. Cependant, si je pense « orgue » dans mes œuvres pour cet instrument, j’essaie de m’en détacher lorsque je dois écrire des œuvres pour cordes, pour ensemble, ou pour d’autres instruments. Dans certaines de mes pièces vocales ou d’orchestre, j’ai essayé d’utiliser les caractéristiques de l’orgue pour les transposer à d’autres timbres et d’autres instruments. Mais c’est presque parfois inconscient ! Ce que je remarque cependant, c’est que la résonance, qu’on retrouve souvent dans les églises et qui fait partie intégrante du jeu sur l’orgue, est un élément qui revient régulièrement dans mes œuvres.

Pouvez-vous évoquer la place qu’occupe dans votre démarche la correspondance entre le geste de la calligraphie chinoise et le geste musical ?

G. R. : Je trouve souvent l’inspiration dans la nature ou dans les cultures extra-européennes, notamment asiatiques. Ce rapport entre culture et nature m’intéresse particulièrement et il sera d’ailleurs le thème de ma prochaine monographie discographique autour de mes pièces de musique de chambre. J’aime beaucoup transposer en musique des éléments de la nature. Par exemple, pour mon sextuor à cordes, je me suis intéressé à la thématique de l’eau, en essayant de construire des nappes sonores faisant référence à l’irisation, aux vagues, etc. Je me suis aussi inspiré de l’idéogramme de l’eau en chinois. Mes œuvres qui s’inspirent des idéogrammes répondent toutes à cette problématique : comment retranscrire ces symboles en musique ? Cela renvoie au codage sonore d’éléments comme les traits horizontaux et verticaux, l’ordre d’écriture des traits, et la relation au temps. Ainsi, l’idéogramme et le mot s’y référant me donnent du sens, du son, des hauteurs, des courbes, une forme… De quoi initier mon travail de composition ! Je viens de parler de la notion de sens… C’est pour moi un élément essentiel de la composition. Au-delà des notes, il est important pour moi d’emmener l’auditeur dans une dimension supplémentaire, qu’elle soit spirituelle ou non. Je pense que l’Art en général doit questionner le monde, et le mystère de la vie. Ma fantaisie concertante pour orgue et orchestre L’Arbre de vie en est un exemple.