Je vais vous révéler un petit secret de cuisine : nous pensions ouvrir la saison sur cette Deuxième Symphonie de Mahler au sous-titre prédestiné. Dans la mesure, cependant, où elle comporte des effectifs orchestraux et choraux gigantesques, nous n’avons pas voulu prendre le risque de devoir la reporter, dans l’hypothèse où la réouverture des salles demanderait d’abord des formats plus réduits. C’est cela aussi, faire de la musique : des gestes symboliques forts, mais avec le sens des responsabilités et le refus de compromis qui dégraderaient la valeur artistique. Le symbole d’avoir mené toute la saison jusqu’à cette apothéose de la «Résurrection» sera plus beau encore. Mahler a, étrangement, moins été joué à Lyon que dans d’autres grandes métropoles musicales, et c’est pour moi un honneur, ainsi là encore qu’une responsabilité, de l’offrir au public au fil de nos saisons. Il représente en effet pour moi le miracle absolu de la musique : son écriture est d’un niveau intellectuel qui réserve à l’initié d’inépuisables découvertes, et pourtant aucune connaissance n’est nécessaire afin d’être bouleversé en l’entendant pour la première fois. Il est la quintessence du pouvoir transformateur de l’art, et particulièrement du concert.
Nikolaj Szeps-Znaider
Directeur musical
Mahler, Résurrection
Nikolaj Szeps-Znaider
Symphonique | ONL