Un «mystique gothique égaré en plein XIXe siècle» ! Ainsi le chef d’orchestre Wilhelm Furtwängler qualifiait-il Bruckner. Portées par une foi profonde, ses symphonies se dressent telles des cathédrales, et la Huitième est la plus monumentale d’entre elles. Comme tant de partitions de Bruckner, elle connut une gestation mouvementée. Lorsque Hermann Levi, artisan du triomphe de la Septième Symphonie, refusa de la diriger, le compositeur fut anéanti et se lança dans une valse de remaniements. La version de 1890 est la dernière étape avant la publication de l’oeuvre en 1892. C’est celle qui présente l’orchestration la plus massive, justifiant le surnom d’«Apocalyptique» parfois associé à la symphonie. Pour Stanislaw Skrowaczewski, maestro polonais que l’Orchestre national de Lyon connaît de longue date, Bruckner est le compagnon de toute une vie. C’est peu dire qu’il connaît cette musique : il l’a enregistrée et dirigée dans le monde entier – et il vient de faire un retour très attendu à la tête de l’Orchestre philharmonique de Berlin dans la Troisième Symphonie.