« La musique n’a pas besoin des yeux, parfois, ils sont même un obstacle », dit Erwan Keravec. Allongé, les yeux bandés, sur un transat dont les oreillers équipés de haut-parleurs chuchotent à l’oreille, il suffit de s’abandonner. Tout semble plus intense, la musique, le déplacement d’air lié aux mouvements de quatre musiciens d’exception. Improvisateurs chevronnés, ils pilotent cette aventure inouïe qui se révèle être une expérience intime.
L’audacieux Erwan Keravec écrit ici une prescription électro-acoustique et physique ouverte à l’improvisation. La contrebasse d’Hélène Labarrière fait vibrer les poitrines à coups de lents balancements graves. La cornemuse d’Erwan Keravec, les percussions de Philippe Foch et les saxophones de Raphaël Quenehen lui emboîtent le pas. Tantôt proche, tantôt lointaine, cette partition surprenante suggère des paysages sonores en constante évolution .Sans repère d’espace ni de temps, un cri, un battement, un souffle inspirent autant de paysages qu’il y a d’imaginaires à l’œuvre. Tout paraît alors plus intense, la musique, le déplacement de l’air lié au mouvement. Les quatre musiciens jouent, au milieu et autour du public, mais c’est le spectateur qui se livre. Et la mémoire se met en route, cherchant à reconnaître les choses, à savoir qui les produit et d’où elles viennent. Isolé du groupe, chacun finit par vivre ce moment comme une adresse poétique individuelle et intime, une expérience physique intense, une émouvante danse du son et des sens.
Dans le cadre de la .Production Offshore, coproduction Le Quartz, scène nationale de Brest et Collectif à l’Envers. Avec l’aide à la création de la Spedidam.