Ravel et Debussy, c’est une rencontre, une admiration mutuelle et une amitié sincère, mais aussi des convictions divergentes et même une dispute sur la paternité des idées musicales. «Ce qui m’agace», écrit alors Debussy, «c’est son attitude de faiseur de tour.» Les mots feraient presque oublier le génie commun de la musique française, cet esprit national dont témoigne la musique de chambre quand elle est ainsi emplie de rêves antiquisants et de sarabandes et pastorales baroques. Debussy et Ravel pousseront même la rivalité jusqu’à la composition de deux diptyques, paire de danses pour l’un, Introduction et Allegro pour l’autre, afin de mettre en valeur les modernisations de la harpe sur fond d’une autre concurrence, celle entre les facteurs de harpes Érard et Pleyel.