Il y a les pianistes qui sautent d’un répertoire à l’autre comme ils courent de scène en scène, et il y a ceux qui préfèrent se réserver à quelques œuvres, murissant patiemment leur interprétation pour ne la livrer qu’à un niveau confinant à la perfection. Grigori Sokolov est de la seconde espèce. Les Schumann et les Mozart qu’il nous a offerts en décembre 2016 nous ont bouleversés, révélant des œuvres telles que nous les avions rêvées sans jamais avoir pu les entendre ainsi. Avec ces petites trouvailles que nous n’avions pas imaginées : des lignes évidentes et pures, des basses délicates, un contrechant qui jaillit de la masse sonore, et dont nous ne nous doutions pas de l’existence. Pour ce nouveau récital, Sokolov a choisi Schubert, dans l’attente de nous préciser le reste du programme, une fois qu’il l’estimera digne d’être présenté. Les quatre impromptus choisis ne porteront jamais aussi bien leur nom. Le premier, dramatique et doux ; le second à la tendresse confondante ; le troisième éclairant avec grâce et passion un thème à la simplicité presque mozartienne ; le dernier enfin, léger comme un papillon, nostalgique aussi. Dans ce recueil, il n’y a pas une page dont nous ne sentions à la fois les sourires et les troublantes peines.

En partenariat avec Les Grands Interprètes.