Aurions-nous seulement pu prévoir que l’une des plus réjouissantes intégrales des cantates de Bach nous viendrait du Japon ? Après les pionniers Leonhardt et Harnoncourt, et ensuite Rilling, Koopman ou Kuijken, quelle surprise a été la découverte du Bach lumineux et intense de Masaaki Suzuki ! Certes, le chef a été à bonne école à Amsterdam, mais sa réussite doit surtout à des interprétations dépassant les préoccupations théoriques. Loin de négliger la réflexion stylistique, il s’impose surtout par la splendeur de ses cérémonies musicales, véritablement dignes des hauteurs célestes. Et lorsque le rideau se lève sur le théâtre de la Passion du Christ, chaque air, chaque chœur, chaque récitatif invite à pénétrer l’esprit des personnages de l’Évangile et à saisir la signification d’un drame dépassant les convictions religieuses pour parler à l’humanité tout entière.