«Bronfman le brontosaure !» écrit Philip Roth dans La Tâche. Si l’écrivain prête au pianiste une stature de déménageur de pianos, les doigts puissants du musicien savent aussi se faire merveilleusement légers dans le Troisième Concerto de Beethoven, capter notre attention dans les plus douces nuances pour ensuite mieux faire exploser d’éclatants fortissimos. De quoi faire s’envoler l’auditeur à l’instar de ces Oiseaux tristes que Ravel décrivait comme «perdus dans une sombre forêt aux heures les plus chaudes de l’été». De la pièce initialement destinée au piano, Nikolaj Szeps-Znaider et l’Orchestre national de Lyon proposent une orchestration sublimant la polyphonie du chœur des volatiles. Tout aussi merveilleux est l’oiseau «tout d’or et de flammes» de Stravinsky. Reprenant un vieux conte slave, la musique nous entraîne avec Ivan Tsarévitch dans les domaines de Kastcheï l’Immortel. Ces maléfices et enchantements ont fait le bonheur des Ballets russes de Diaghilev. Gageons que les musiciens sauront charmer jeunes filles et princesses pour ne point être transformés en pierres.