On aurait pu attendre une musique sombre et douloureuse ; Grażyna Bacewicz a fait face aux soubresauts de l’histoire, à deux guerres mondiales, à l’occupation nazie et au régime soviétique. Remarquable violoniste, elle n’a eu droit, en tant que compositrice, qu’à la maigre place réservée en ce domaine aux femmes. Et pourtant, sa Sonate pour hautbois est d’une fraîcheur exquise, pleine de surprises, de tendresse et de nostalgie, caractéristique des années trente. De même son Quintette, pépiant et virevoltant, récompensé d’un premier prix au titre de l’ «Aide aux femmes de professions libres», à Paris en 1933. La musique sait rendre le sourire, et la Sonate pour flûte et piano de Poulenc le prouve encore : là encore, la douce tristesse s’efface derrière une gaîté trépidante. Si le Sextuor de Philippe Hersant est plus en retenue, sa religiosité de choral est envoûtante. Les vents se font presque tuyaux d’orgue, enveloppant de mystère leurs mélopées et brefs motifs répétés. Un mystère qu’il est donné à chacun de percer.

Dans le cadre d’Unanimes ! Avec les compositrices, une initiative de l’Association française des orchestres.

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