Beethoven, confie Piotr Anderszewski, «est le premier compositeur de l’histoire à avoir mis son “moi” en musique». Un siècle plus tard, Elgar dédie un cycle de variations codées à ceux qui ont compté dans sa vie.
Programme
Concerto pour piano n° 1, en do majeur, op. 15
Variations sur un thème original (« Variations Enigma »), op. 36
Distribution
Tant de mystères entourent Beethoven : la date exacte de sa naissance, l’identité de l’Immortelle Bien-Aimée, le testament livré à ses frères, les causes de sa surdité. C’est toutefois sous le signe de la clarté que s’inscrit son Premier Concerto pour piano, plein d’esprit et de verve. Si Piotr Anderszewski entrevoit dans la musique de Beethoven «une droiture, la puissance d’une quête et une soif d’idéal», ce concerto témoigne surtout du souhait beethovénien de briller en public comme compositeur et comme pianiste. Le mystère se nichera donc plutôt dans les Variations Enigma. Il y a là encore Beethoven, puisque la variation la plus célèbre, « Nimrod », est dédiée au meilleur ami d’Elgar, August Jaeger, lequel tentait de remonter le moral du compositeur anglais en lui rappelant que les soucis croissants de Beethoven lui avaient inspiré une musique de plus en plus belle. À chaque auditeur d’essayer de résoudre l’«énigme», ce thème crypté en écho duquel le thème principal des variations a été construit. Un musicologue y voit le mouvement lent de la Sonate «pathétique» Beethoven, encore. Mais le plus beau secret de cette partition, c’est une vie jalonnée d’amour et d’amitié qui défile en musique.