Rêves d’été ou d’hiver, d’elfes ou de revenants ? Comme le Songe mendelssohnien, le concerto de Sibelius nous transporte dans un séduisant imaginaire. Si un délicat ballet de flocons s’annonce dans le scherzo de la symphonie de Tchaïkovski, l’énergie et le talent dégagés par l’Orchestre national de Lyon, son directeur musical Nikolaj Szeps-Znaider et le violoniste Sergey Khachatryan nous réchaufferont assurément, pour ouvrir la saison 2024/2025 de la manière la plus stimulante.
Programme
Ouverture du Songe d’une nuit d’été, op. 21
Concerto pour violon en ré mineur, op. 47
Symphonie n° 1, en sol mineur, op.13, «Rêverie d’hiver» (version révisée de 1874)
Distribution
Selon E.T.A. Hoffmann, il y a dans la Première Symphonie de Tchaïkovski plus de rêve que d’hiver, «peu d’hiver de la nature mais un hiver de l’âme». L’écrivain y entend notamment «un oiseau perdu dans la steppe» et une «farandole de fantômes». Dans l’ouverture du Songe d’une nuit d’été de Mendelssohn, inspirée par la pièce homonyme de Shakespeare à un adolescent de 17 ans, ce sont elfes, fées et humains qui s’agitent sous les rires espiègles du lutin Puck. Dans la musique de Sibelius, les saisons s’étirent lentement, comme dans les vastes paysages finlandais, ouvrant d’infinis imaginaires. Mais c’est bien l’été qui touchait à sa fin quand Sibelius s’enthousiasma d’avoir trouvé de «magnifiques thèmes pour le concerto pour violon». Le fils du compositeur raconte que son père, violoniste lui-même, les retravaillait jour et nuit, comme un déchaîné, incapable de «se séparer de ses délicieuses mélodies». Sergey Khachatryan a fait la preuve de ses affinités avec cette partition en remportant en 2000 le Concours Sibelius à Helsinki, cinq ans avant son triomphe au Concours Reine-Elisabeth. Le concerto de Sibelius est resté une de ses œuvres fétiches et il s’y déplace comme un funambule, en suspension entre ciel et terre – dans une magnifique rêverie.