Programmation
Musique funèbre maçonnique, en ut mineur, KV 477
Concerto pour basson, en si bémol majeur, KV 191
Symphonie n° 10, en mi mineur, op. 93
Distribution
Plutôt qu’un effroyable témoignage de la terreur qui régnait sous le régime soviétique, la Dixième Symphonie de Chostakovitch est probablement une réaction à une heureuse nouvelle : la mort de Staline ! Il a ainsi été suggéré que son second mouvement pût être un portrait du sinistre camarade. Chostakovitch, de son côté, a préféré ne presque rien dévoiler d’un possible programme, soulagé de sentir l’étau institutionnel se desserrer. Et c’est d’ailleurs une tout autre histoire qu’il raconte peut-être dans son œuvre, celle de son amitié avec la musicienne azérie Elmira Nazirova, dont le nom serait transcrit par les notes d’un motif de cor, associé à la célèbre signature DSCH représentant le compositeur lui-même. Au-delà tout récit, l’œuvre s’est inscrite dans l’histoire en participant à la réhabilitation de son auteur. Non seulement elle a connu un rapide succès à l’étranger, mais elle a en plus amorcé la réorientation de la politique musicale en Russie.
S’il ne fait guère de doute que le froid est une chose bien connue de Klaus Mäkelä, le jeune chef issu de la prestigieuse Académie Sibelius d’Helsinki n’a assurément pas de souvenirs directs de la Guerre froide. Il n’était pas encore né quand le mur de Berlin s’est écroulé. À 23 ans, celui qui a été déjà premier chef invité de l’Orchestre symphonique de la Radio suédoise et vient d’être nommé à la tête du Festival de Turku entame une carrière incroyable. Le voici dans un double programme Chostakovitch/Mozart avec, pour commencer, la saisissante Musique funèbre maçonnique – lente procession vers la lumière de do majeur –, puis un concerto pour basson avec, dans le rôle de soliste, la (presque) tout aussi jeune Sophie Dartigalongue, ancienne de l’Orchestre des jeunes de l’Orchestre national de Lyon, nommée à 22 ans à l’Orchestre philharmonique de Berlin et depuis lors nommée basson solo à l’Opéra de Vienne. En direction comme au sein de l’orchestre, la relève est assurée !