On comprend ce qui a fasciné Olivier Messiaen dans la figure de saint François d’Assise, au point de lui consacrer un opéra (1983) : l’amour des oiseaux (le saint leur parlait, le compositeur étudia leurs chants sans relâche et en abreuva son langage) ; mais aussi le mysticisme, l’élévation par la souffrance jusqu’à la joie divine ; et la foi dans le pouvoir de la musique. Dans un épisode de l’ouvrage, un ange apparaît à François et lui joue un air de viole ; une expérience bouleversante pour le saint, qui y voit l’anticipation de la félicité éternelle. Expirant, il prononcera d’ailleurs ces ultimes paroles : «Seigneur ! La musique et la poésie m'ont mené vers Toi !»

Ce sujet avait tout pour séduire deux artistes aussi épris de poésie, de musique et de transcendance que le comédien Lambert Wilson et l’organiste Thierry Escaich, improvisateur sidérant. Créant leur propre dramaturgie à partir d’extraits du livret (œuvre de Messiaen lui-même), ils mêlent texte et musique dans toutes les combinaisons possibles, de la fusion intime aux confrontations puissantes. Dans ses improvisations, Thierry Escaich s’empare également d’éléments musicaux de la partition de Messiaen, pour les entraîner vers son propre univers.