Déroulement détaillé
Traditionnel (Canto greco-salentino)
Are mou rindineddha
Vincenzo Capezzuto, Katerina Papadopoulou
Maurizio Cazzati
Ciaccona
Instrumental
Traditionnel (Salento)
Pizzica di San Vito
Vincenzo Capezzuto, Anna Dego
Improvisation (Italie)
Tarantella napoletana
Instrumental
Henry Le Bailly (158? - 1637)
Yo soy la locura
Céline Scheen
Traditionnel (Grèce)
Amygdalaki tsakisa
Katerina Papadopoulou
Improvisation (Grèce)
Hasapiko
Instrumental
Traditionnel (Carpino)
La Carpinese
Vincenzo Capezzuto, Anna Dego
Traditionnel (Majorque)
De Santanyí vaig partir
Céline Scheen
Traditionnel (Grèce)
Thalassa lypisou
Katerina Papadopoulou
Improvisation (îles Canaries)
Canario
Instrumental
Traditionnel (Canto greco-salentino)
Oriamu Pisulina
Vincenzo Capezzuto, Katerina Papadopoulou
Traditionnel (Catalogne)
La dama d’Aragó
Céline Scheen
Girolamo Kapsberger (1580-1651)
Toccata L’Arpeggiata
Instrumental, Anna Dego
Traditionnel (Macédoine)
So maki sum se rodila
Vincenzo Capezzuto
Traditionnel (Pouilles)
Pizzicarella mia
Vincenzo Capezzuto, Anna Dego
Improvisation
Percussion solo
Instrumental
Traditionnel (Italie)
Silenziu d’amuri
Vincenzo Capezzuto
Traditionnel (Italie)
Lu passariellu
Céline Scheen, Vincenzo Capezzuto, Katerina Papadopoulou, Anna Dego
Concert sans entracte.
Durée : 85 minutes environ.
Les artistes
L’Arpeggiata
(Doron Sherwin cornet à bouquin – Josep Maria Marti Duran guitare baroque & théorbe – Sarah Ridy harpe baroque – Sergey Saprychev percussions – Margit Übellacker psalterion – Dani Espasa clavecin – Leo Terruggi double basse – Sokratis Sinopoulos lyra grecque)
Christina Pluhar théorbe et direction
Céline Scheen soprano
Vincenzo Capezzuto alto
Katerina Papadopoulou chant
Anna Dego teatrodanza
Concert sans entracte.
À propos de la musique
Le pourtour méditerranéen est un territoire riche d’une tradition populaire séculaire et pourtant extrêmement vivante. Mêlant des entités fortes et uniques – musiques arabes, fado, flamenco, tarentelle, rebétiko, … –, les rives du Portugal jusqu’à la Syrie se partagent un paysage sonore commun, dont la prédominance de la voix accompagnée est l’une des principales caractéristiques.
Christina Pluhar explore depuis des années les frontières de ces répertoires méditerranéens, faisant cohabiter, au sein de son ensemble L’Arpeggiata, musiques savantes et populaires qui se révèlent souvent puiser aux mêmes sources d’une tradition orale antique. La pratique de la musique italienne des XVIIe et XVIIIe siècles est pour Christina Pluhar intemporelle, et les récents succès de ses disques consacrés à la tarentelle sur instruments baroques en sont l’un des meilleurs témoins. Ses horizons musicaux s’enrichissent souvent de la fréquentation de musiciens, chanteurs, instrumentistes et danseurs étrangers invités à se joindre à L’Arpeggiata, pour aborder d’autres répertoires. Le programme de ce soir convoque certaines pièces incontournables tout à la fois des musiques traditionnelles et baroques italienne, espagnoles, grecques ou macédoniennes, qu’elles soient savantes ou populaires, anciennes ou modernes, mais toujours éminemment actuelles.
L’instrumentarium rassemblé par L’Arpeggiata invite lui aussi à un voyage dans la musique ancienne des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, et dans la musique traditionnelle méditerranéenne, deux mondes qui partagent le sens de l’improvisation et de la danse mais aussi la prévalence de la monodie accompagnée.
Le luth, instrument polyphonique roi de la Renaissance et de l’ère baroque, avant d’être détrôné par le clavecin, trouve son équivalent depuis des millénaires dans le bassin méditerranéen avec le ‘oud, qu’il soit arabe, turc (ud) ou grec (oúti), ici essentiellement monodique. La basse de luth, théorbe ou archiluth, identifiable grâce à l’extension du manche, apporte un registre et une puissance supplémentaire. Comme la harpe, utilisée sous différentes factures tant dans la musique baroque que dans de nombreuses musiques traditionnelles, la guitare baroque à cinq cordes, moins profonde et plus étroite que l’instrument moderne, se retrouve parfois dans la musique portugaise et se prête à merveille à l’accompagnement des pizziche. Ces instruments puisent leur origine dans l’Antiquité grecque : la kithara ou la lyre pour ne citer qu’elles. Avec la double basse ou contrebasse, cet ensemble forment la basse d’accompagnement pour la voix ou le continuo, cet accompagnement en grande partie improvisée sur une ligne de basse commune caractérisant la musique baroque.
Parmi les instruments en charge de la mélodie, la lyra grecque héritée des Byzantins appartient à la famille des vièles, instrument à cordes frottées proche du violon. La lyra est commune à tout le Moyen-Orient, mais également à la Croatie et à l’Italie du sud où elle a été remise au goût du jour. Le psaltérion est quant à lui très versatile : cette cithare triangulaire aux cordes pincées ou frappées par des baguettes se substitue aisément au qanûn arabe ou au tympanon baroque. Quant au cornet à bouquin, son timbre doux et cuivré passait à la Renaissance pour être le plus proche de la voix humaine. Les percussions, socle indispensable à la danse, font la part belle aux tambours et tambourins. Le tambour sur cadre circulaire, répandu grâce aux Phéniciens, est présent sur toutes les rives de la Méditerranée où il a conquis une place de choix dans la musique orale.
Le tarentisme trouve son origine dans une croyance populaire des régions du sud de l’Italie, tirant son nom des morsures de la tarentule. Ce fameux rituel de guérison pratiqué pendant l’été provoquait un effet cathartique sur les victimes, essentiellement des femmes, en les sortant de leur état mélancolique profond. Les séances de tarentisme pouvaient durer quelques heures comme quelques jours et étaient assimilées à de véritables phénomènes de transe musicale. On sait aujourd’hui que le venin de la tarentule n’a aucun effet sur l’homme et les séances de tarentisme tenaient plutôt de l’exorcisme, dans lesquelles la danse tenait un rôle d’exutoire sans doute lié à certains troubles psychopathologiques. Parallèlement à cette danse thérapeutique et solitaire s’est développée une autre forme de tarentelle dansée en couple.
Il existe dans les Pouilles une enclave culturelle préservée, celle de la terre du Salento – le «talon aiguille» de la botte que forme la péninsule italienne –, mémoire vivante du tarentisme, et de sa déclinaison locale : la pizzica ou pizzica pizzica. La pizzica ressemble aux autres déclinaisons de la tarentelle que sont la tammurriata napolitaine ou sicilienne, la saltarella, la zumbarella ou la ballarella : elle impressionne tant par son tempo effréné que par sa danse à la fois primaire et sensuelle. Dans le Salento, elle se décline sous plusieurs formes : la pizzica tarantella (pizzica de la tarentule), qui se danse seule, la pizzica de core (danse du cœur, de la joie), dansée en couple lors des moments de fête, et la pizzica scherma (danse des couteaux), dansée par deux hommes se défiant. Dans sa forme vive, elle devient spectaculaire : la répétition des mélodies, les gestes saccadés du danseur et le martellement du tambour emportent les participants dans une transe frénétique. Dans les villages, la pizzica était chantée accompagnée du violon, de l’accordéon et d’un tambourin, auxquels pouvait s’ajouter une guitare.
La pizzica, et plus généralement la taranta suscitent aujourd’hui un enthousiasme grandissant, amorcé à la fin des années 1950 à la faveur des travaux anthropologiques et ethnologiques d’Ernesto De Martino et Diego Carpitella, qui s’inscrivent dans un plus large mouvement européen ayant favorisé, en Italie comme en France, la redécouverte et la réappropriation de la musique traditionnelle populaire. Les manifestations comme la fameuse La Notte della taranta à Melpignano attirent aujourd’hui un public toujours plus large. Le mouvement du néo-tarentisme s’est emparé du répertoire, l’enrichissant instrumentalement et faisant cohabiter en son sein les différentes formes de la tarentelle, laissant une part belle à la pizzica. Cette musique de danse représente à elle seule l’âme de la région de la province de Lecce, Brindisi et Taranto, et plus généralement du Salento. Mais si cette danse populaire rencontre un fort succès depuis une trentaine d’années dans les Pouilles et la Basilicate, elle revendique des origines millénaires et fortement identitaires. L’origine de la pizzica semblerait être une survivance des anciens cultes de Dyonisos, le dieu du vin et de ses excès, ou encore d’Artémis, fêtés dans le Salento comme dans tout le monde grec.
Le sud de l’Italie est en outre riche de survivances étonnantes, témoins des nombreuses occupations et passages de peuples étrangers au fil des siècles – on songera par exemple aux nombreuses minorités des villages albanais (arbëreshë) ou slovènes qui ont su conserver depuis le XVIIIe siècle la vivacité de leurs langues, musiques, coutumes et rites. Les nombreuses colonies grecques qui s’établirent en Italie par vagues successives entre l’Antiquité et le Moyen Âge ont laissé une forte empreinte dans la péninsule et tout spécialement en Sicile, en Calabre et dans les Pouilles, qui faisaient partie de l’ancienne Magna Grecia.
Cette population hellénique a su préserver sa culture et sa langue, qui a connu son propre développement pour aboutir à une forme modernisée et singulière : le griko, encore appelé grekanika ou katoitaliotikà. Le principal foyer de cette minorité grecque se trouve dans une dizaine de villages de montagne du Salento qui forment l’enclave de la «Grecìa Salentina». Le dialecte hellénique tend à disparaître et pourtant, à la faveur de la redécouverte de la musique traditionnelle italienne, la musique griko y est encore vivante, et notamment la tarentelle sous sa forme locale de tarantelle grecanica. Certaines mélodies sont typiques du sud de l’Italie, tandis que d’autres en griko sont très fortement imprégnées de la déclamation poétique grecque. Citons, entre autre la très belle mélodie Are mou Rindineddha, qui porte le chant du profond de l’âme, et dont le texte publié en 1900 est construit autour de métaphores empruntées à la nature : «Qui sait, ma petite hirondelle, quelle mer te guide ?... Tu t’élèves un peu, un peu tu plonges, et ton aile effleure l’eau.»
La musique grecque offre ici des pièces emblématiques, dont l’essence millénaire réside dans la danse et dans l’art poétique. Le hasapiko, célèbre danse traditionnelle des anciens bouchers de Constantinople côtoie les tarentelles célèbres, parmi lesquelles la fameuse Tarantella di San Vito – la «danse de saint Guy», dont on trouve un équivalent dans le français courant pour désigner les crises d’épilepsie et autres convulsions. Le répertoire ancien s’y marie avec des pages instrumentales magnifiques sur une basse obstinée, comme la Ciaccona de Maurizio Cazzati (1616-1678), qui reprend le célèbre madrigal à deux voix de Monteverdi Zefiro torna paru une trentaine d’années plus tôt. D’autres pièces virtuoses, comme la Toccata «L’Arpeggiata» du luthiste Girolamo Kapsberger (v. 1580-1661), sont de vraies improvisations notées, qui mettent à l’honneur les instruments solistes. Ce voyage musical sur les rives de la Méditerranée parcourt les grands succès de la tradition populaire invitant par ce mélange à celui des sentiments, entre mélancolie et intimité d’une part, fêtes et exubérance d’autre part.
Bénédicte Hertz
Les textes chantés
Traditionnel (Canto greco-salentino)
Aremu rindineddha
plea talassa se guaddhi,
ce aputte ste’ ce ftazzi,
m’utto kalo cero.
Vasta to petton aspro,
mavre vasta tes ale
stavri kulor de mare
ce i kuta en’diu nifti.
Kaimmeno mbro sti talassa
evo se kanono;
lio ngherni, lio kalei
lio nghizzi to nero.
Ma su tipo mu lei
ja possa sse roto
lio ngherni, lio kalei
lio nghizzi to nero.
Qui sait, petite hirondelle
Qui sait, petite hirondelle,
quelle mer tu as traversée
et d’où tu nous arrives
à la belle saison ?
Ta poitrine est blanche
et tes ailes sont noires,
ton dos est couleur de mer
et ta queue partagée en deux.
Assis devant la mer,
je te regarde évoluer :
tu t’élèves, tu plonges,
et ton aile effleure l’eau.
Mais j’ai beau t’interroger,
tu ne me dis rien ;
tu t’élèves, tu plonges,
et ton aile effleure l’eau.
Traditionnel (Salento)
Non c’era da vinì, non c’era da vinì,
non c’era da vinì e so’ vinutu,
so’ li sospiri tua, so’ li sospiri tua,
so’ li sospiri tua, m’hannu chiamatu.
Ah uellì, mu lu vecu ti vinì,
mu lu vecu ti nchianà,
mi ta la manu e si ni va.
Ah uellì, mu lu vecu ti vinì
mu lu vecu ti nchianà,
mi ta la manu e si ni va.
Sì chiù bella tu, e sì chiù bella,
e sì chiù bella tu ti na cirasa,
iata all’amori tua, iata all’amori tua,
iata all’amori tua quannu ti vasa.
Ah uellì uellì uellà,
la pacchianella mea
quannu chiamu ata vinì.
Ah uellì uellì uellà,
la pacchianella mea
quannu chiamu ata vinì.
Ti li capelli tua, ti li capelli,
ti li capelli tua so nnamuratu,
li vecu ti vulà, li vecu ti vulà,
li vecu ti vulà ntallu vientu.
Occhi cu occhi,
cu deggi perdi l’occhi,
a ci tici mali nuestru scatta lu cori.
Occhi cu occhi,
cu deggi perdi l’occhi,
a ci tici mali nuestru scatta lu cori.
Ti lu ritornu a dì, ti lu ritornu,
ti lu ritornu a dì pi n’ata fiata,
alla cumpagnia va, a Santu Vitu va,
alla cumpagnia va sta sirinata.
Ah uellì uellì uellà,
n’ata vota statti bona,
tu ti me no ti scurdà.
Ah uellì uellì uellà,
n’ata vota statti bona,
tu ti me no ti scurdà.
Danse de saint Guy
Je n’aurais pas dû venir
et pourtant je suis ici.
Ce sont tes soupirs
qui m’ont appelé.
Ah uellì, maintenant je le vois venir,
maintenant je le vois monter,
il me donne la main et s’en va.
Ah uellì, maintenant je le vois venir,
maintenant je le vois monter,
il me donne la main et s’en va.
Tu es plus belle,
plus belle qu’une cerise,
bienheureux ton amoureux
quand il t’embrasse.
Ah uellì uellì uellà,
quand j’appelle ma belle,
elle doit venir.
Ah uellì uellì uellà,
quand j’appelle ma belle,
elle doit venir.
Je suis tombé amoureux,
amoureux de tes cheveux,
je les vois voler,
voler dans le vent.
Œil pour œil,
que celui qui médit de nous
perde la vue et que son cœur se brise.
Œil pour œil,
que celui qui médit de nous
perde la vue et que son cœur se brise.
Je te le répète
encore une fois,
va à la fête, va à Saint-Guy,
va à la fête ce soir.
Ah uellì uellì uellà,
divertis-toi encore
et ne m’oublie pas.
Ah uellì uellì uellà,
divertis-toi encore
et ne m’oublie pas.
Yo soy la locura
la que sola infundo
placer y dulzura
y contento al mundo.
Sirven a mi nombre
todos much o o poco
y no, no hay hombre
que piense ser loco.
Traditionnel (Grèce)
Hilia kalosorisate,
fili mou aghapimeni
parea mou haroumeni
ke kalokardhismeni.
Amygdalaki tsakisa
Ke mesa se zoghrafisa
Amyghdhalotsakismata,
Sou stelno heretismata.
As traghoudhiso ki as haro,
Tou hronou pios to xeri,
An tha pethano I tha zo,
I tha ‘me s’ alla meri.
Amygdalaki tsakisa
Ke mesa se zoghrafisa
Amyghdhalotsakismata,
Sou stelno heretismata.
J’ai ouvert une amande
Soyez les bienvenus,
Mes chers amis,
Joyeuse et allègre
Compagnie.
J’ai ouvert une amande,
J’y ai peint ton image,
L’amande est brisée,
Je t’envoie mon salut.
Je veux chanter et m’amuser,
Qui sait si l’année prochaine
Je serai mort ou vif
Ou si je serai loin d’ici.
J’ai ouvert une amande,
J’y ai peint ton image,
L’amande est brisée,
Je t’envoie mon salut.
Traditionnel (Carpino)
Pigliate la paletta e vae pi’ ffoco,
E va’ alla casa di lu ‘nnammurato,
E passa duje ore ‘e juoco,
Si mamma se n’addona ‘e chiste juoco,
Dille ca so’ state falelle de foco,
E vule di’ e llà, chello che vo’ la femmena fa!
Luce lu sole quanno è, buono tiempo,
Luce lu pettu tujo, donna galante,
Mpietto li tieni duje pugnali argiento.
A chi li tocchi bella, nci fa santo,
E ti li tocchi je ca so’ l’amante.
E ’mparaviso jamme certamente,
E vule di’ e llà, chello che vo’ la femmena fa!
La Carpinèse
Prends la pelle et ravive le feu,
va chez ton amoureux
passe deux heures dans les jeux.
Si ta mère se fâche pour ton jeu,
dis-lui que ton visage est rouge à cause du feu.
Dis-lui ce que tu veux, toute femme fait ce qu’elle veut.
Le soleil brille lorsqu’il fait beau,
tes seins resplendissent, femme galante,
ta poitrine abrite deux poignards en argent.
Celui qui les touche, ma belle, devient un saint.
Et je les touche, moi, qui suis l’amant.
Nous irons sans doute au Paradis.
Dis-lui ce que tu veux, toute femme fait ce qu’elle veut.
Traditionnel (Majorque)
De Santanyí vaig partir
amb una fosca resolta
i pel camí em varen dir:
Andreu, na Roseta és morta.
No sé si ho feien a posta
o per dar-me més tristor.
Uns em deien que era morta,
altres que estava millor.
En el mercat me trobava
quan tal nova em varen dar,
que lo que més estimava
estava per expirar.
Amb la guitarra hi aní,
pensant la divertiria.
Roseta da’m alegria,
tu ja no fas cas de mi.
El més petit que hi havia
no es podia consolar.
Se’n va anar a la sepultura
i començà a sospirar.
Desperta’t, ànima mia,
així Déu te do repòs.
Jo ara me n’entraria
a la sepultura amb vós.
Je quittai Santanyí
Je quittai Santanyí
avec une sombre résolution
et en chemin ils me dirent :
Andreu, Roseta est morte.
Je ne sais s’ils en avaient fait le pari
ou voulaient ajouter à ma tristesse.
Les uns me dirent qu’elle était morte,
les autres qu’elle allait mieux.
Je me trouvais au marché
quand on me donna la nouvelle
que ce que j’aimais le plus
était sur le point d’expirer.
Je m’y rendis avec ma guitare,
espérant la divertir.
Roseta, fais-moi plaisir,
tu ne m’écoutes pas.
Le plus jeune qui se trouvait là
était inconsolable.
Il se rendit sur sa tombe
et se mit à pleurer.
Réveille-toi, mon amour,
du repos que Dieu t’a donné.
Je suis prêt à entrer
dans la tombe avec toi.
Traditionnel (Grèce)
Kleo ke varia stenazo
ke ti thalassa kitazo
ghia dhio matia zaharenia
pou mou lipoune sta xena.
Thalassa lypisou ligho pia ke mena
Fere to pouli mou apo ta xena
Thalassa farmakomeni,
tin kardhia mou ehis kameni
pires tin parighoria mou
mes‘ apo tin agalia mou
Thalassa lypisou ligho pia ke mena
Fere to pouli mou apo ta xena
Aie donc pitié de moi, ô mer
Je pleure et soupire,
En regardant la mer
Car deux tendres yeux m’ont quittée
Pour partir au loin.
Ô mer, aie donc pitié de moi,
Fais que mon oiseau revienne de l’étranger.
Mer empoisonnée,
Tu as brulé mon cœur,
Tu m’as pris celui
Dont l’étreinte me consolait.
Ô mer, aie donc pitié de moi,
Fais que mon oiseau revienne de l’étranger.
Traditionnel (Canto greco-salentino)
Oriamu Pisulina ce kalanta
kerumeni pu panta
ipai jelonta
kerumeni pu panta
ipai jelonta n’inella.
Emmiazzi tto ngarofeddhu sti kianta
puddhai sti primavera
ipai petonta
pu ttai sti primavera
pai petonta n’inella.
Evò se kanò ndeka kronu panta
ce ndeka kronu pai
ipai jelonta
ce ndeka kronu panta
ipai jelonta n’inella.
Ma Belle Pisulina
Ma belle et galante Pisulina,
toujours tu te moques de moi,
et tu ris de moi,
toujours tu te moques de moi,
et toujours tu ris de moi.
Tu ressembles à un œillet
ou un oiselet au printemps,
tu passes à tire d’aile,
comme un oiselet au printemps,
tu passes à tire d’aile.
Depuis dix ans je te regarde,
depuis onze ans je te connais,
et tu ris de moi,
toujours tu te moques de moi,
et toujours tu ris de moi.
Traditionnel (Catalogne)
A Aragó hi ha una dama que és bonica com un sol.
Té la cabellera rossa, li arriba fins als talons.
Ai, amorosa Anna Maria, robadora de l’amor...
Ai, de l’amor...
Sa mare la pentinava amb una pinteta d’or.
Sa tia els hi esclaria els cabells, de dos en dos.
Ai, amorosa Anna Maria, robadora de l’amor...
Ai, de l’amor...
Cada cabell una perla, cada perla un anell d’or.
Cada anell d’or una cinta que li volta tot el cos.
Ai, amorosa Anna Maria, robadora de l’amor...
Ai, de l’amor...
Sa germana més petita li baixava el lligador;
el lligador que li baixa és un floc de molts colors.
Ai, amorosa Anna Maria, robadora de l’amor...
Ai, de l’amor...
Son germà se la mirava amb un ull tot amorós.
No fóssim germans, Maria, mos casaríem tos dos.
Ai, amorosa Anna Maria, robadora de l’amor...
Ai, de l’amor...
La Dame d’Aragon
En Aragon il est une dame belle comme le soleil.
Ses cheveux blonds lui tombent jusqu’aux talons.
Ah, charmante Anna Maria, voleuse de l’amour...
Ah, de l’amour...
Sa mère la coiffait avec un peigne d’or,
sa tante lui démêlait les cheveux, deux par deux.
Ah, charmante Anna Maria, voleuse de l’amour...
Ah, de l’amour...
À chaque cheveu une perle, à chaque perle un anneau d’or,
à chaque anneau d’or un ruban qui lui ceint tout le corps.
Ah, charmante Anna Maria, voleuse de l’amour...
Ah, de l’amour...
Sa sœur cadette dénouait le ruban ;
le ruban qu’elle dénoue est un bouquet multicolore.
Ah, charmante Anna Maria, voleuse de l’amour...
Ah, de l’amour...
Son frère posait sur elle un regard amoureux.
Si nous n’étions frère et sœur, Maria, nous nous marierions.
Ah, charmante Anna Maria, voleuse de l’amour...
Ah, de l’amour...
Traditionnel (Macédoine)
So maki sum se rodila (rodil jas),
so žalosti jas kje si umram.
Makite da mi gi napišete,
odozgora na grobot moj.
Kje se kačam na planina,
kje vlezam v’ temni pešteri.
Očite da mi paraldisaat,
sonceto da ne go vidam.
Kje slezam dolu v’ gjul bavči,
po toj mi alov katmer karanfil.
Po toj alov katmer karanfil,
po toj ran, bel bosilok.
Je suis né avec des souffrances
Je suis né avec des souffrances,
je mourrai avec des chagrins.
Je veux que tu écrives mes souffrances
sur ma pierre tombale.
Je vais grimper sur une montagne,
je vais descendre dans les grottes sombres
pour que mes yeux s’éteignes,
pour ne pas pouvoir voir le soleil.
Je vais me coucher dans le jardin
près de ces fleurs de rosée,
près de cette rose écarlate,
près de ce jeune basilic blanc.
Traditionnel (Puglia)
Pizzicarella mia, pizzicarella
lu camminatu to’ la li li la
lu camminatu to’ pare ca balla
A du te pizzicau ca no te scerne?
sutta lu giru o la li li la
sutta lu giru giru di la suttana.
Quantu t’amau t’amau lu core miu
mo nun tte ama chiù la li li la
mo nun tte ama chiù se ne scerrau.
Te l’ura ca te vitti te ‘mmirai
‘nu segnu fici a la li li la
‘nu segnu fici a mmienzu a ll’occhi toi.
Ca quiddu foì nu segnu particolare
cu no’ te scerri a la li li la
cu nu te scerri de l’amore toi.
Amore amore ce m’hai fattu fare
de quindici anni a la li li la,
de quindici anni m’hai fatto impazzire.
Pizzicarella mia, pizzicarella
lu camminatu to’ la li li la
lu camminatu to’ pare ca balla
Ma Coquinette
Ma Coquinette,
ta démarche, la li li la,
ta démarche rappelle une danse…
Où t’a t-on pincée, que tu n’arrêtes jamais ?
Sous la ceinture de ton jupon, la li li la,
Sous la ceinture de ton jupon…
O combien mon cœur t’a aimée :
maintenant il ne t’aime plus, la li li la,
maintenant il ne t’aime plus, il s’est refermé.
Depuis que je t’ai vue, je t’admire,
et j’ai fait une marque, la li li la,
J’ai fait une marque entre tes yeux.
Et celle-là a été un signe spécial
pour que tu ne te renfermes pas, la li li la,
ne te referme pas à l’amour.
Que me fais-tu faire, Amour ?
Depuis quinze ans, la li li la,
Depuis quinze ans tu me rends fou.
Ma Coquinette,
ta démarche, la li li la,
ta démarche rappelle une danse.
Traditionnel (Italie)
T’amaju di quanny stavi dintr’a la naca,
T’addivaj ducizza a muddichi a muddichi
Silenziu d’amuri ca camini intr’a li vini
Nun è pussibili staccarimi di tia.
Nun chiangiti no albiri d’alivi
Amuri e beni vengunu di luntanu,
Dilizia amata mia, sciatu di l’alma mia,
Dammi lu cori ca ti dugnu la vita.
Vacanti senza culura tengu lu senzu
Quanno na mamma si scorda a so’ figliu,
Tannu mi scordu d’amari mia.
Vulati acidduzi iti ni ll’amata
Cantantici mentri nc’è morte e vita
Comu tuttu lu munnu esti la campagna,
Tu si a Riggina e ju ‘u Re di Spagna.
Silence d’amour
Je t’ai aimée dès le berceau,
Je t’ai donné de la douceur miette après miette.
Silence d’amour qui coule dans les veines,
Il n’est possible de te quitter.
Ne pleurez pas, vous, les oliviers :
L’amour et la tendresse viennent de loin.
Ma joie bien aimée, souffle de mon âme,
Donne-moi ton cœur, je te donne ma vie.
Ma pensée est vide et sans couleur
Et ce n’est que quand une mère oubliera son enfant
Que j’oublierai mon amour pour toi.
Je t’aime, ma petite…
Hirondelle, envolez-vous vers ma bien-aimée
Et chantez pour elle dans la vie et la mort.
Semblable au monde entier est la campagne,
Tu es la reine et moi le roi d’Espagne.
Traditionnel (Italie)
O re, re, lu passariello ‘nta ll’avena,
E si nun lu va’ a parà
Tutta ll’avena se magnarrà
‘O riavulo, stanotte
E mugliereme è caduta da lu liette;
‘O riavulo stanotte
La jatta s’è magnata li cunfiette.
E si prima eremo a tre a ballà la tarantella,
Mo’ simmo rimaste a dduje
E mugliereme quant’è bella.
Santo Michele sarva ogne Christiane
moniche, monicelle e artigiane.
O re, re, lu passariello ‘nta ll’avena,
E si nun lu va’ a parà
Tutta ll’avena se magnarrà.
Le Moineau
Attention, le moineau est dans l’avoine !
Si nous ne le chassons pas,
il mangera tout !
Le diable, cette nuit …
Ma femme est tombée du lit…
Le diable, cette nuit…
La chatte a mangé tous les gâteaux…
Et si auparavant nous étions trois à danser la tarentelle
maintenant nous ne sommes plus que deux,
et ma femme est la plus belle.
Saint Michel, sauve tous les Chrétiens,
bonnes sœurs, moines, artisans.
Attention, le moineau est dans l’avoine !
Si nous ne le chassons pas,
il mangera tout!