En 1986, un groupe de musiciens londoniens curieux s’est penché longuement sur cette étrange institution que nous appelons «orchestre» et a décidé de repartir à zéro. Ils ont commencé par se débarrasser des règles du jeu. Mettre un seul chef d’orchestre à la tête de l’orchestre ? Pas question. Se spécialiser dans le répertoire d’une époque particulière ? Trop restrictif. Perfectionner une œuvre et passer à autre chose ? Trop paresseux. L’Orchestre de l’Âge des Lumières (OAE) est né.
Et alors que cet ensemble distinctif jouant sur des instruments d’époque commençait à prendre pied, il s’est fait une promesse. Il s’est juré de continuer à questionner, à s’adapter et à inventer aussi longtemps qu’il existerait. Des résidences au Southbank Centre de Londres et au Festival de Glyndebourne n’ont pas endormi son penchant expérimental. Un gros contrat de disques n’a pas aplani ses bizarreries. Au lieu de cela, l’OAE a examiné les notes de musique avec toujours plus de liberté et de détermination.
Cette soif de création n’est toujours pas étanchée. La série de concerts informels Night Shift redéfinissent les formats de concert. Son ancien emplacement au Kings Place de Londres a favorisé une plus grande diversité de projets et de création musicale. L’ensemble a constitué le socle de certaines des productions récentes les plus innovantes de Glyndebourne.
Fidèle à ses valeurs de remise en question, de défi et d’avant-garde, l’OAE est devenu, en septembre 2020, l’orchestre résident de l’Acland Burghley School, à Camden. Cette résidence – une première pour un orchestre britannique – permet à l’Orchestre de l’Âge des Lumières de vivre, travailler et jouer parmi les élèves de l’école.
S’il n’a pas plus de trente ans d’existence, l’OAE fait partie de notre patrimoine musical. Il a même honoré des chefs d’orchestre aussi exceptionnels que Mark Elder, Simon Rattle, Vladimir Jurowski, Iván Fischer et John Butt du titre d’artiste principal. Mais n’allez pas croire que l’ensemble a perdu de vue son vœu fondateur. Tous les orchestres ne sont pas les mêmes. Et il n’y a qui ressemble à celui-ci.