The organ
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Générique du film
THE MANXMAN
Royaume-Uni, 1929, N & B, muet [1h46]
Scénario : Eliot Stannard, d’après le roman de Sir Hall Caine
Montage : Emile de Ruelle
Décors : Wilfred Arnold
Production : John Maxwell pour la British International Pictures Ltd
Directeur de la photographie : Jack Cox
Date de sortie : janvier 1929 (Londres)
Carl Brisson : Pete Quilliam
Malcolm Keen : Philip Christian
Anny Ondra : Kate Cregeen
Randle Ayrton : Caesar Cregeen
Claire Greet : Madame Cregeen
Distribution
Gabriele Agrimonti accompagnement improvisé à l’orgue
En coproduction avec l’Institut Lumière, dans le cadre du festival Lumière.
Le film
Dernier véritable film muet d’Alfred Hitchcock – Chantage (1929) sera partiellement sonorisé pour sa sortie en salles –, The Manxman (littéralement : l’habitant de l’île de Man) est la seconde adaptation, après celle de George Loane Tucker en 1916, du roman populaire de sir Hall Caine.
Ce mélodrame, tourné majoritairement en Cornouailles en juillet 1927, conte l’histoire classique d’un triangle amoureux, où des «gens bien» sont pris au piège de sentiments considérés comme immoraux. Envahis par la honte et la culpabilité, Kate et Philip subissent le jugement d’une foule haineuse. On accuse Philip d’avoir trahi son ami Pete, corrompu Kate et renié sa classe sociale.
Mal accueilli par le public à sa sortie, le film est un échec commercial. Hitchcock lui-même n’avait d’ailleurs que très peu d’estime pour ce film, qu’il décrira à François Truffaut comme «un film très ordinaire, sans humour». Pour autant, on remarque des éléments qui auront un écho dans de futures œuvres du cinéaste : son travail sur le suspense est déjà présent, avec une tension qui monte progressivement tout au long du récit et Kate, incarnée par Anny Ondra, est considérée comme la toute première «blonde hitchcockienne».
«Le seul intérêt de The Manxman, c’est d’être mon dernier film muet. […] Les films muets sont la forme la plus pure du cinéma. La seule chose qui manquait aux films muets, c’est évidemment le son qui sortait de la bouche des gens et des bruits. Mais cette imperfection ne justifiait pas le grand changement que le son a amené avec lui. Je veux dire qu’il manquait au cinéma muet très peu de chose, seulement le son naturel. Alors, par la suite, il n’aurait pas fallu abandonner la technique du cinéma pur comme on l’a fait avec le parlant.» (Alfred Hitchcock, Hitchcock/Truffaut, Ramsay, 1985)
La musique
À l’orgue de l’Auditorium, Gabriele Agrimonti décuple la puissance des images par ses improvisations. S’il n’a pas écrit la musique à l’avance, la laissant jaillir dans l’instant présent, il a minutieusement regardé le film pour en connaître les moindres détails et surtout les moindres enchaînements. Ainsi la musique ne vient-elle pas en réaction aux images muettes, mais peut-elle au contraire les devancer ou les contredire, tisser un arrière-plan qui les nuance, faire des clins d’œil ou des allusions. Elle éclaire de cette manière les images sans jamais se montrer redondante ou passe-partout, ajoutant une dimension nouvelle qui sublime la pellicule. Par sa grandeur et sa richesse, l’orgue de l’Auditorium sait se montrer tour à tour suave ou inquiétant, mystérieux ou écrasant, conservant une bonne part de son éloquence et de sa poésie par-delà l’écran qui le masque.
L’ORGUE DE L’AUDITORIUM
Les facteurs d’orgue :
Aristide Cavaillé-Coll (1878)
Victor Gonzalez (1939)
Georges Danion/S. A. Gonzalez (1977)
Michel Gaillard/Manufacture Aubertin (2013)
Construit pour l’Exposition universelle de 1878 et la salle du Trocadéro, à Paris, cet instrument monumental (82 jeux et 6300 tuyaux) fut la «vitrine» du plus fameux facteur de son temps, Aristide Cavaillé-Coll. Les plus grands musiciens se sont bousculés à la console de cet orgue prestigieux, qui a révélé au public les Requiem de Maurice Duruflé et Gabriel Fauré, le Concerto pour orgue de Francis Poulenc et des pages maîtresses de César Franck, Charles-Marie Widor, Marcel Dupré, Olivier Messiaen, Jehan Alain, Kaija Saariaho, Édith Canat de Chizy, Thierry Escaich ou Philippe Hersant. Remonté en 1939 dans le nouveau palais de Chaillot par Victor Gonzalez, puis transféré en 1977 à l’Auditorium de Lyon par son successeur Georges Danion, cet orgue a bénéficié en 2013 d’une restauration par Michel Gaillard (manufacture Aubertin) qui lui a rendu sa splendeur. La variété de ses jeux lui permet aujourd’hui d’aborder tous les répertoires, de Bach ou Couperin aux grandes pages romantiques et contemporaines. C’est, hors Paris (Maison de la Radio et Philharmonie), le seul grand orgue de salle de concert en France. En 2019 et 2022, il a accueilli les deux premières éditions à l’orgue du Concours international Olivier-Messiaen.