◁ Retour au ciné-concert du mer. 18 oct. 2023
Générique du film
Réalisateur : Robert Wiene
Assistant réalisateur : Rochus Gliese
Scénario : Carl Mayer et Hans Janowitz
Directeur de la photographie : Willy Hameister
Décors : Hermann Warm, Walter Reimann, Walter Röhrig
Producteurs : Erich Pommer, Rudolf Meinert
Société de production et de distribution : Decla-Bioskop
Dates de sortie :
Allemagne (République de Weimar) : 26 février 1920
France : 2 mars 1922
Musique : Stéphane Fromageot
Avec
Werner Krauss : le Docteur Caligari / le Directeur de l’hôpital psychiatrique
Conrad Veidt : Cesare, le somnambule
Lil Dagover : Jane Olsen
Friedrich Fehér : Franz
Hans Heinrich von Twardowski : Alan
Rudolf Lettinger : le Docteur Olsen, père de Jane
Rudolf Klein-Rogge : le Cambrioleur
Elsa Wagner : la Propriétaire
Ludwig Rex : un meurtrier
Henri Peters-Arnolds : un jeune médecin
Hans Lanser-Ludolff : un homme âgé
Harry Froebess : un cascadeur
Distribution
Orchestre national de Lyon
Frank Strobel direction
Le film
Dans une fête foraine, l’étrange Docteur Caligari exhibe un somnambule prédisant l’avenir. Très vite, les morts s’enchaînent dans le petit village…
Le Cabinet du Docteur Caligari est le film fondateur de l’expressionnisme allemand. Lorsqu’il est tourné, en 1919, ce mouvement artistique est déjà fermement établi en Allemagne et en Autriche, porté notamment par les peintres Oskar Kokoschka, Paula Modersohn-Becker ou les membres des groupes Die Brücke (Ernst Ludwig Kirchner, Emil Nolde, Max Pechstein…) ou Der blaue Reiter (Vassili Kandinski, Paul Klee, Franz Marc, August Macke…).
Le film est célèbre pour ses décors distordus, qui dessinent un monde de cauchemar, trouble et dangereux. Ces effets sont augmentés par l’usage du plan débullé, ou plan cassé (l’«angle hollandais» des Anglo-saxons), qui consiste à cadrer en inclinant la caméra soit vers la droite, soit vers la gauche, ce qui déforme le rapport des horizontales et des verticales avec le cadre de la pellicule (le terme de «débullé» fait référence au niveau à bulle qui permet normalement d’obtenir une horizontalité parfaite).
Wiene demande aux acteurs de se mouvoir de manière stylisée, presque dansée, et de grossir leurs expressions faciales. Il en ressort – surtout de la part de Conrad Veidt (le somnambule) – des performances hallucinées. John D. Barlow note que «Veidt se déplace le long du mur comme s'il l'avait “exsudé” [...], il fait partie d'un monde matériel d'objets plus que d'un monde humain». Il se déplace avec des gestes anguleux, comme brisés par la force obsessionnelle qui le dévore.
Ce classique de l’angoisse, toujours stupéfiant, est magnifié par la musique composée en 2011 par le musicien franco-suisse Stéphane Fromageot, formé au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris et actuellement directeur des études musicales et chef d’orchestre du Théâtre de Saint-Gall (Suisse).