Nul besoin de choisir entre une promenade au jardin d’Éden et le Paradis gardé par saint Pierre : les danses d’Ernest Bloch et de Noah Bendix-Balgley sont une parfaite introduction à la «Vie céleste» de Mahler, pour un concert empli de joie, de nostalgie et de ferveur.
Programme
«Danse», extraite des Trois Poèmes juifs
Fidl-Fantazye, un concerto klezmer (orchestration de Samuel Adler)
Symphonie n° 4, en sol majeur
Distribution
De son propre aveu, Gustav Mahler était trois fois étranger sur terre : «comme natif de Bohême en Autriche, comme Autrichien en Allemagne, comme juif dans
le monde entier». Pour obtenir le poste de directeur musical de l’Opéra de la Cour, à Vienne, il dut tourner le dos à ses origines juives et se convertir au catholicisme. Dans sa Quatrième Symphonie, il associe la voix à l’orchestre, trouvant à nouveau l’inspiration dans un recueil poétique qui lui est cher : Le Cor merveilleux de l’enfant. «La Vie céleste» : telle est la promesse du finale. Mais pour goûter les joies du Paradis, encore faut-il s’extraire de l’existence terrestre, oublier la valse colorée par les flûtes et les grelots, se moquer du scherzo grotesque d’un «violon de la mort». C’est à ce prix que la musique livrera son message d’espoir… Fidl-Fantazye : fidl pour le nom yiddish du violon, fantaisie pour ces motifs qui s’enchaînent jusqu’à l’ivresse. Ayant grandi au sein d’une famille imprégnée des traditions artistiques juives, Noah Bendix-Balgley célèbre la musique klezmer dans son ce concerto, qui cite des thèmes de Mahler. Dans ses Trois Poèmes juifs, Ernest Bloch se défendit de vouloir travailler à la restauration de la musique juive. «Je ne suis pas un archéologue», aimait-il à répéter. Ces musiques nous mèneront-elles au Paradis ?