Comment composer dans l’Europe centrale et orientale de la première moitié du XXe siècle, dans cet «Occident kidnappé», pour reprendre la formule kundérienne, et ballotté par l’histoire ? Réponse avec trois compositeurs à redécouvrir, trois destins singuliers et, pour deux d’entre eux, tragiques.
Programme
Huit Pièces pour violon et violoncelle op. 39 (transcription pour alto et contrebasse de Franck Proto)
Sonate pour alto et piano
Sonate pour flûte et piano
Concertino pour flûte, alto et contrebasse
Distribution
Né à Kiev, Reinhold Glière – le professeur de Sergueï Prokofiev – est devenu un modèle de la Russie soviétique, au point d’occuper les plus hautes fonctions officielles. Le Tchèque Erwin Schulhoff et le Hongrois László Weiner ont eu moins de chance : juifs, ils sont morts tous les deux dans les camps nazis. Communiste, marqué par le dadaïsme, Schulhoff avait tenté de rejoindre la Russie mais fut intercepté dans sa fuite. Quant à Weiner, son professeur, Zoltán Kodály, écrivit une lettre pour demander qu’on l’épargne. En vain. Ces trois compositeurs sont des oubliés de l’histoire de la musique. Ils nous offrent des partitions pourtant délicieuses, que ce soit Glière renouant avec la suite de danses baroque ou Schulhoff et Weiner laissant libre court à leur souffle mélodique, dans des pages parfumées de danse et de musique populaire – souvenirs d’un bonheur évanoui.