Notes de programme

Marathon Ravel

sam. 22 mars 2025

Retour au marathon Ravel du sam. 22 mars 2025

Concert de 15 heures

Maurice Ravel (1875-1937)
Sonate pour violon et piano POSTHUME

[15 min]

Tzigane, rapsodie de concert

[9 min]

Trio pour violon, violoncelle et piano

I. Modéré
II. Pantoum 
III. Passacaille : Très large
IV. Final : Animé

[26 min]

Distribution

Musicienne et musiciens de l’ONL :

Jennifer Gilbert violon
Giovanni Radivo violon
Édouard Sapey-Triomphe violoncelle
Pierre Thibout piano

Concert de 18 heures

Maurice Ravel
Berceuse sur le nom de Gabriel Fauré

[3 min]

Sonate pour violon et piano en sol majeur

I. Allegretto
II. Blues
III. Perpetuum mobile

[15 min]

Chansons madécasses

I. Nahandove
II. Aoua
III. Il est doux

[13 min]

Sonate pour violon et violoncelle

I. Allegro
II. Très vif
III. Lent
IV. Vif

[20 min]

Distribution

Benoît Rameau ténor

Musicienne et musiciens de l’ONL :

Jennifer Gilbert et Giovanni Radivo violon
Jocelyn Aubrun flûte
Nicolas Hartmann et Édouard Sapey-Triomphe violoncelle
Pierre Thibout piano

Concert de 20 heures

Maurice Ravel
Introduction et Allegro pour harpe, flûte, clarinette et quatuor à cordes

I. Introduction : Très lent
II. Allegro

[11 min]

Quatuor à cordes en fa majeur

I. Allegro moderato, très doux
II. Assez vif, très rythmé
III. Très lent
IV. Vif et agité

[27 min]

Trois Poèmes de Stéphane Mallarmé

I. Soupir
II. Placet futile
III. Surgi de la croupe et du bond

[12 min]

Distribution

Marie Perbost soprano

Musiciennes et musiciens de l’ONL :

Florent Souvignet-Kowalski et Jacques-Yves Rousseau violon
Jean-Pascal Oswald alto
Nicolas Hartmann et Édouard Sapey-Triomphe violoncelle
Jocelyn Aubrun et Emmanuelle Réville flûte
Nans Moreau et Thierry Mussotte clarinette
Éléonore Euler-Cabantous harpe
Pierre Thibout piano

Introduction

«Vous faites jouer de la flûte au violoncelle et du tambour par le violon», écrit Hélène Jourdan Morhange à propos de la Sonate pour violon et violoncelle (1920-1922). La musique de chambre est un extraordinaire terrain de jeu pour le génial orchestrateur qu’est Ravel. Quitte à inventer de toutes pièces des formations nouvelles et à imaginer une écriture de harpe aux harmoniques irréels. À propos de son Introduction et Allegro (1905), qui ajoute harpe, flûte et clarinette au  traditionnel quatuor à cordes, Ravel confie : «Ce n’est pas, à proprement parler, une pièce d’orchestre. Sept instruments en tout. Mais cela pourrait s’arranger.» Avec sa Sonate pour violon et piano en sol majeur (1923-1927), son Trio avec piano (1914) et son Quatuor à cordes (1902-1903), Ravel s’inscrit dans l’histoire, se confronte à Debussy et rend hommage à Fauré. À ce dernier, son professeur de composition, il offre en 1922 une Berceuse. Alors qu’il était encore son élève, il lui a dédié son Quatuor, sa première partition publiée – vers 1897, il avait abordé la musique de chambre avec une première sonate pour violon et piano restée inachevée avec un seul mouvement et publiée seulement en 1975. Ravel expérimente aussi la virtuosité dans Tzigane (1924), inspiré par la rencontre avec Béla Bartók et la violoniste hongroise Jelly Arányi, et s’inspire du blues américain dans la Sonate pour violon. 

Amoureux de la voix, il réinvente la mélodie grâce à des combinaisons sonores inédites, saisit les «pensées ailées» et «rêveries inconscientes», comme il les définit, de Mallarmé (1913). Succombant au charme exotique, ses Chansons madécasses (1925-1926) n’en dénoncent pas moins le colonialisme. Redevenu tambour, le violoncelle fait renaître la musique malgache, «simple, aimable et toujours mélancolique».

Texte : Auditorium-Orchestre national de Lyon

En partenariat avec Télérama et Le Monde.

Chansons madécasses

Poèmes d’Évariste-Desiré Parny de Forges (1753-1814) 
I. Nahandove

Nahandove, ô belle Nahandove ! 
L’oiseau nocturne a commencé ses cris, 
la pleine lune brille sur ma tête, 
et la rosée naissante humecte mes cheveux. 
Voici l’heure : qui peut t’arrêter, 
Nahahndove, ô belle Nahandove !

Le lit de feuilles est préparé ; 
je l’ai parsemé de fleurs et d’herbes odoriférantes ; 
il est digne de tes charmes. 
Nahandove, ô belle Nahandove !

Elle vient. J’ai reconnu la respiration 
précipitée que donne une marche rapide ;
j’entends le froissement de la pagne qui l’enveloppe ;
c’est elle, c’est Nahandove, la belle Nahandove !

Reprends haleine, ma jeune amie ; 
repose-toi sur mes genoux. 
Que ton regard est enchanteur ! 
Que le mouvement de ton sein est vif et délicieux 
sous la main qui le presse ! 
Tu souris, Nahandove, ô belle Nahandove!

Tes baisers pénètrent jusqu’à l’âme ; 
tes caresses brûlent tous mes sens ; 
arrête, ou je vais mourir. 
Meurt-on de volupté, 
Nahandove, ô belle Nahandove ?

Le plaisir passe comme un éclair. 
Ta douce haleine s’affaiblit, 
tes yeux humides se referment, 
ta tête se penche mollement, 
et tes transports s’éteignent dans la langueur. 
Jamais tu ne fus si belle,
Nahandove, ô belle Nahandove ! [...]

Tu pars, et je vais languir dans les regrets et les désirs. 
Je languirai jusqu’au soir. 
Tu reviendras ce soir, 
Nahandove, ô belle Nahandove !

II. Aoua

Aoua ! Aoua ! Méfiez-vous des Blancs,
habitants du rivage.
Du temps de nos pères,
des Blancs descendirent dans cette île. 
On leur dit : Voilà des terres, 
que vos femmes les cultivent ;
soyez justes, soyez bons, 
et devenez nos frères.

Les Blancs promirent, et cependant
ils faisaient des retranchements.
Un fort menaçant s’éleva ;
le tonnerre fut renfermé
dans des bouches d’airain ;
leurs prêtres voulurent nous donner
un Dieu que nous ne connaissons pas,
ils parlèrent enfin
d’obéissance et d’esclavage.

Plutôt la mort.
Le carnage fut long et terrible ;
mais malgré la foudre qu’ils vomissaient,
et qui écrasait des armées entières,
ils furent tous exterminés. 

Aoua ! Aoua ! Méfiez-vous des Blancs !

Nous avons vu de nouveaux tyrans,
plus forts et plus nombreux,
planter leur pavillon sur le rivage :
le ciel a combattu pour nous ;
il a fiat tomber sur eux les pluies,
les tempêtes et les vents empoisonnes.
Ils ne sont plus, et nous vivons,
et nous vivons libres.

Aoua ! Méfiez-vous des Blancs,
habitants du rivage.

III. Il est doux

Il est doux de se coucher, durant la chaleur, sous un arbre touffu, et d’attendre que le vent du soir amène la fraîcheur.

Femmes, approchez. Tandis que je me repose ici sous un arbre touffu, occupez mon oreille par vos accents prolongés. Répétez la chanson de la jeune fille, lorsque ses doigts tressent la natte ou lorsqu’assise auprès du riz, elle chasse les oiseaux avides.

Le chant plaît à mon âme. La danse est pour moi presque aussi douce qu’un baiser. Que vos pas soient lents; qu’ils imitent les attitudes du plaisir et l’abandon de la volupté.

Le vent du soir se lève ; la lune commence à briller au travers des arbres de la montagne. Allez, et préparez le repas.

Trois Poèmes de Mallarmé

Poèmes de Stéphane Mallarmé (1842-1898)
I. Soupir

Mon âme vers ton front où rêve, ô calme sœur,
Un automne jonché de taches de rousseur
Et vers le ciel errant de ton œil angélique
Monte, comme dans un jardin mélancolique,
Fidèle, un blanc jet d’eau soupire vers l’Azur !
— Vers l’Azur attendri d’Octobre pâle et pur
Qui mire aux grands bassins sa langueur infinie
Et laisse, sur l’eau morte où la fauve agonie
Des feuilles erre au vent et creuse un froid sillon,
Se traîner le soleil jaune d’un long rayon.

Extrait du recueil Poésies (1899)

II. Placet futile

Princesse ! à jalouser le destin d’une Hébé
Qui poind sur cette tasse au baiser de vos lèvres,
J’use mes feux mais n’ai rang discret que d’abbé
Et ne figurerai même nu sur le Sèvres.

Comme je ne suis pas ton bichon embarbé,
Ni la pastille ni du rouge, ni Jeux mièvres
Et que sur moi je sais ton regard clos tombé,
Blonde dont les coiffeurs divins sont des orfèvres !

Nommez-nous… toi de qui tant de ris framboisés
Se joignent en troupeau d’agneaux apprivoisés
Chez tous broutant les vœux et bêlant aux délires,

Nommez-nous… pour qu’Amour ailé d’un éventail
M’y peigne flûte aux doigts endormant ce bercail,
Princesse, nommez-nous berger de vos sourires.

Extrait du recueil Premiers Poèmes (1887)

III. Surgi de la croupe et du bond

Surgi de la croupe et du bond
D’une verrerie éphémère
Sans fleurir la veillée amère
Le col ignoré s’interrompt.

Je crois bien que deux bouches n’ont
Bu, ni son amant ni ma mère,
Jamais à la même Chimère,
Moi, sylphe de ce froid plafond !

Le pur vase d’aucun breuvage
Que l’inexhaustible veuvage
Agonise mais ne consent,

Naïf baiser des plus funèbres !
À rien expirer annonçant
Une rose dans les ténèbres.

Extrait du recueil Poésies (1899)

PubTélérama sept 24

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