Entre Viktoria Mullova et la Finlande, c’est une longue histoire rocambolesque et émouvante. En 1980, la jeune violoniste russe remporte le premier prix au Concours international Sibelius d’Helsinki, deux ans avant sa médaille d’or au Concours international Tchaïkovski. En 1983, elle profite d’une tournée en Finlande pour fausser compagnie au KGB et fuir à l’Ouest. Un journaliste finlandais a organisé le voyage, pour qu’ils puissent gagner la Suède sous un faux nom. Ces souvenirs, sans doute remontent-ils encore lorsque Viktoria Mullova joue le Concerto pour violon de Sibelius. Une oeuvre que le père de la musique finlandaise a composée dans une excitation particulière. «Il a une telle multitude de thèmes dans sa tête qu’il en est littéralement tout étourdi», raconte son épouse Aino. «Il reste éveillé toute la nuit, joue incroyablement bien. Il ne peut s’arracher de ses délicieuses mélodies.» Étourdi, l’auditeur l’est aussi, emporté par cette merveilleuse floraison mélodique. Il reprendra ses esprits lors de l’imposante Deuxième Symphonie de Brahms, dont le lyrisme tout aussi passionné s’inscrit encore dans une rigueur formelle marquée par l’influence beethovénienne. À la baguette, l’un des chefs français les plus en vue : Alain Altinoglu, l’actuel directeur musical du Théâtre royal de la Monnaie, à Bruxelles, dont chaque passage à Lyon laisse un souvenir inoubliable.

Bis 06/11 :Moussorgski-Ravel - « La grande porte de Kiev » extrait des « Tableaux d’une exposition ».