Notes de programme

Vespro

dim. 12 jan. 2025

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Programme détaillé

Claudio Monteverdi (1567-1643)
Vespro della Beata Vergine [Vêpres de la Vierge]

Avec des antiennes grégoriennes extraites du Graduale triplex (Éditions de Solesmes, 1979) et des psaumes en faux-bourdon anonymes (manuscrit de Carpentras)

– Répons : Domine ad adjuvandum me (faux-bourdon, puis Monteverdi)
– Antienne grégorienne : Assumpta est Maria
– Psaume 109 : Dixit Dominus (faux-bourdon, puis Monteverdi)
– Concerto : Nigra sum (Monteverdi)
– Antienne grégorienne : Diffusa est
– Psaume 112 : Laudate pueri (Monteverdi)
– Concerto : Pulchra es (Monteverdi)
– Antienne grégorienne : Tota pulchra es
– Psaume 121 : Lætatus sum (faux-bourdon, puis Monteverdi) 
– Concerto : Duo seraphim (Monteverdi)
– Antienne grégorienne : Recordare
– Psaume 126 : Nisi Dominus (Monteverdi)

--- Entracte ---

– Concerto : Audi cælum (Monteverdi)
– Antienne grégorienne : Felix es
– Psaume 147 : Lauda Jerusalem (faux-bourdon, puis Monteverdi)
– Sonata sopra Sancta Maria (Monteverdi)
– Hymne : Ave maris stella (Monteverdi)
– Magnificat (Monteverdi)

[Durée totale : 2h05]

Distribution

La Tempête
Simon-Pierre Bestion 
conception, arrangements et direction

Amélie Raison soprano
Brenda Poupard mezzo-soprano
Hélène Richaud mezzo-soprano (Ave maris stella)
Fanny Châtelain alto (Ave maris stella​​​​​​​)​​​​​​​
Eugénie De Mey alto (chant grégorien)
François Joron ténor
Édouard Monjanel ténor
René Ramos Premier baryton
Florent Martin basse

Marianne Pelcerf création lumière et scénographie
Florian Delattre et Geoffroy Guillaume figurants

Introduction

«Ces Vêpres, je les vois comme un grand rituel incantatoire qui unit le sacré au païen, l’intime au collectif», explique Simon-Pierre Bestion. Le fondateur de l’ensemble La Tempête braque une lumière nouvelle sur le foisonnant chef-d’œuvre religieux de Claudio Monteverdi, publié à Venise en 1610 en compagnie de la Missa In illo tempore. Pour évoquer la prière intime face à cette puissante matière sonore, La Tempête joue l’alternance entre les mouvements de Monteverdi et des pages anonymes, antiennes grégoriennes ou psaumes en faux-bourdon du manuscrit de Carpentras issus d’une vaste tradition orale, où l’harmonie évoque l’Italie, la Sardaigne ou la Corse et leurs polyphonies populaires. Près de cinquante artistes sont réunis pour une expérience sonore inoubliable, incarnée dans un disque salué à sa parution.

Texte : Auditorium-Orchestre national de Lyon

Un double recueil aux enjeux musicaux et théologiques

Ensemble monumental aux multiples facettes, les Vêpres de la Vierge [Vespro della Beata Vergine] sont l’un des fers de lance de l’œuvre religieuse de Claudio Monteverdi. Au confluent de la plus haute tradition polyphonique et des pratiques d’avant-garde du baroque naissant, l’œuvre fascine par sa densité et sa profonde richesse. Simon-Pierre Bestion et La Tempête en proposent ici une lecture renouvelée et éminemment personnelle. 

La page de titre du recueil qui paraît à l’été 1610 chez l’imprimeur vénitien Ricciardo Amadino proclame en larges caractères : «Messe à six voix | de la Très Sainte | Vierge | pour les chœurs des églises», tandis qu’en plus petit est précisé : «avec les vêpres pour plusieurs voix | et quelques concerts sacrés | pour les chapelles ou chambres de princes». Le bas de la page, quant à lui, s’orne d’une dédicace au «très saint et très grand pontife Paul V». Monteverdi espère en effet obtenir une bourse pour son fils Francesco, aspirant séminariste, ainsi que, vraisemblablement, un poste auprès de la chapelle papale.

Le compositeur offre donc au chef de l’Église catholique deux corpus distincts que tout semble pourtant opposer. Ainsi, la Missa In illo tempore est composée selon la plus stricte tradition polyphonique franco-flamande renaissante ; elle tire d’ailleurs son nom du titre du motet de Nicolas Gombert (v. 1495-1560) auquel elle emprunte divers motifs. Par son élaboration contrapuntique extrêmement savante, elle reflète l’esthétique du style vocal ancien (stilo antico), aussi appelé prima prattica (première pratique). Au contraire, les Vêpres font s’entrechoquer différents types d’écriture, dont certains parmi les plus modernes, caractéristiques des innovations du premier baroque théorisées par Monteverdi sous le nom de seconda prattica (seconde pratique). 

Le compositeur montre ainsi l’étendue de sa maîtrise technique dans les deux styles musicaux qui cohabitent dans l’Italie du début du XVIIe siècle. Ce faisant, il inscrit aussi son recueil dans la perspective théologique de la Contre-Réforme : la Missa In illo tempore peut se lire comme une réaffirmation du dogme musical palestrinien prôné par le Concile de Trente, tandis que les Vêpres incarnent la volonté de toucher le fidèle par la magnificence esthétique mise au service de la foi, notamment en introduisant dans le genre religieux des techniques venues de l’opéra. 
 

Les Vêpres de la Vierge : une œuvre aux multiples techniques musicales

Les Vêpres de la Vierge frappent en effet par la diversité des moyens qu’elles mettent en œuvre. Cette diversité correspond aux deux grands ensembles qui composent le recueil : d’un côté, les pièces habituelles de la liturgie mariale des vêpres, soit le versiculus introductif (Deus in adjutorium), les cinq psaumes (Dixit Dominus, Laudate pueri, Lætatus sum, Nisis Dominus, Lauda Jerusalem), l’hymne Ave maris stella et le Magnificat (dans deux mise en musique différentes) ; de l’autre, les concerti sacri ou motets de solistes (Nigra sum, Duo serafim, Audi cœlum et Sonata sopra Sancta Maria) qui ne s’inscrivent pas dans la liturgie vespérale mais servaient sans doute à remplacer la reprise des antiennes grégoriennes après les psaumes, selon l’usage de l’époque.

Dans son traitement musical du premier ensemble, Monteverdi use de la technique du contrepoint sur cantus firmus : les tons psalmodiques, mélodies grégoriennes préexistantes, d’une facture très simple pour être immédiatement mémorisables, servent de base à toute l’élaboration du matériau et peuvent subir différents traitements musicaux. Toutes les voix peuvent ainsi les énoncer en même temps sur le même rythme (noema) ou en imitation (fuga) comme dans le Dixit Dominus. Dans le Nisi Dominus et le Lauda Jerusalem, elles font l’objet d’un traitement polychoral : deux chœurs se répondent en alternance (cori spezzati). Enfin, dans l’Ave maris stella ou la première version du Magnificat, le dialogue s’instaure cette fois entre instruments et voix (stile concertato, style concertant). 

Seule incursion de la technique du contrepoint sur cantus firmus dans l’ensemble des concerti sacri, la Sonata sopra Sancta Maria voit émerger d’une riche polyphonie instrumentale le cantus firmus marial confié à une voix de soprano. Les motets de solistes adoptent quant à eux une écriture plus proche des modèles opératiques. Dans le Nigra sum, la souple déclamation (recitar cantando) de la voix soliste figure ainsi musicalement les images sensuelles du texte issu du Cantique des cantiques. Les effets d’écho de l’Audi cœlum ou l’ornementation profuse du Duo serafim ne sont pas sans évoquer le grand air d’Orphée «Possente Spirto» dans L’Orfeo. Cette collusion entre genre sacré et genre opératique apparaît d’ailleurs dès le Deus in adjutorium : la psalmodie des voix se superpose à la toccata introductive de L’Orfeo, fanfare aux allures de blason musical de la maison de Gonzague.

Une anthologie d’une singulière opulence

Les effectifs que requiert Monteverdi sont à la mesure de la richesse de son matériau musical : selon les pièces, ils varient d’une à dix voix, quand l’effectif orchestral maximal est de six parties de vents (cornets, trombones) et six parties de cordes (violone, viole da brazzo, contrabasso da brazzo), auxquelles s’ajoute la partie d’orgue, nommée bassus generalis, pour laquelle Monteverdi indique des registrations précises. Par ailleurs, l’écriture polychorale et la virtuosité d’écriture de certains passages semblent indiquer la présence conjointe de solistes et de masses chorales plus fournies.

Quelle chapelle pouvait se targuer de posséder de si opulents moyens musicaux ? Celle de Mantoue, où officie alors Monteverdi, et que semble indiquer la présence des armoiries musicales des Gonzague dans le Deus in adjutorium ? La chapelle papale, ce qui expliquerait l’ordonnancement typiquement romain du cycle des psaumes, très différent à Mantoue ? L’ampleur et la durée des Vêpres semblent pourtant exclure tout usage liturgique en l’état ; il est bien plus probable que Monteverdi l’ait conçu comme une vaste anthologie dans laquelle les maîtres de chapelle puissent puiser selon leurs besoins, à la manière de son ultime recueil : la Selva morale de 1640. 
 

Des Vêpres de Claudio Monteverdi au Vespro de Simon-Pierre Bestion

Interpréter au concert l’intégralité des Vêpres, c’est donc donner à entendre un objet sonore certes monumental, mais dont la réalité historique confine à la fiction. C’est sur ce constat que s’appuie Simon-Pierre Bestion, qui préfère proposer ici une relecture personnelle aux airs de «voyage musical sous forme d’office – repensé, imaginé, pas scrupuleusement historique*». Une double recherche nourrit cette relecture : d’une part, celle de la temporalité longue, de la sacralité, de l’atmosphère spirituelle de ce que Simon-Pierre Bestion nomme «le Grand Rituel» ; de l’autre, celle des influences musicales orientales qui sous-tendent le recueil, reflet du cosmopolitisme de l’Italie du début du XVIIe siècle.

Bestion allonge l’œuvre en lui adjoignant des antiennes grégoriennes (monodiques, a cappella, sorte de prières intérieures), ainsi que des faux-bourdons (technique d’improvisation polyphonique à partir d’une mélodie grégorienne, qui permet une harmonisation simple, d’un usage quotidien), tirés d’un manuscrit anonyme du XVIIe siècle conservé à la bibliothèque Inguimbertine de Carpentras. À la cohabitation des styles anciens et modernes, de théâtre et d’église, Bestion ajoute ainsi celle de la ferveur populaire, de la dévotion de la rue.

Plus encore, il amplifie et souligne la symbolique spirituelle des Vêpres. Dans le Gloria du Magnificat (dont la première mise en musique est ici interprétée), Monteverdi avait prévu une voix unique en écho à celle de l’ange Gabriel ; Bestion lui préfère trois échos lointains, et évoque ainsi les quatre archanges bibliques. Dans l’Ave maris stella, au contraire, il confie à la voix seule des parties pensées par Monteverdi pour le chœur, pour renforcer l’intimité du texte.

De même Bestion s’approprie-t-il l’instrumentation déjà luxuriante de l’œuvre : il en récrit certaines parties (violes, trombones) et en réorganise les doublures ; du bassus generalis montéverdien il fait une section de continuo foisonnante qui convoque, aux côtés de l’orgue, clavecin, harpes, théorbes, guitares et ceterone. Désireux d’évoquer les fructueux échanges culturels que permet le brassage des populations turques, perses, séfarades ou arméniennes dans les ports de Venise ou de Gênes, il n’hésite pas à ajouter à l’instrumentarium un serpent, à la sonorité proche du chofar rituel juif. 

Ces Vêpres réinventées font donc fi des frontières, des genres et des styles ; à l’exactitude liturgique et historique, elles préfèrent un imaginaire musical riche et inspiré. Par leur liberté et leur sensualité, que rehausse la scénographie et la création lumière de Marianne Pelcerf, elles sont le plus éclatant reflet des conceptions artistiques de Simon-Pierre Bestion qui, à la tête de son ensemble La Tempête, fait souffler un vivifiant vent de renouveau sur ce monument de la musique baroque sacrée. 

– Nathan Magrecki 

Textes chantés

1. Répons : Domine ad adjuvandum me (faux-bourdon, puis Monteverdi)

Domine ad adjuvandum me festina 
Gloria Patri et Filio
Et spiritui sancto,
Sicut erat in principio
Et nunc et semper,
Et in saecula saeculorum 
Amen. Alleluia.

Ô Dieu, viens me délivrer !
Seigneur, viens vite à mon aide !
Gloire au Père, et au Fils,
et au Saint-Esprit.
Comme il était au commencement, maintenant 
et toujours, pour les siècles des siècles.
Amen. Alléluia.

2. Antienne grégorienne : Gaudeamus

Gaudeamus omnes in Domino,
Diem festum celebrantes
sub honore Mariae Virginis,
De cuius solemnitate gaudent Angeli
et collaudant Filium Dei.

Réjouissons-nous ensemble dans le Seigneur, 
car la fête que nous célébrons aujourd’hui est 
celle de la Vierge Marie.
Cette solennité réjouit les Anges
et tous en chœur louent le Fils de Dieu.

3. Psaume 109 : Dixit Dominus (faux-bourdon, puis Monteverdi)

Dixit Dominus Domino meo: 
Sede a dextris meis. 
Donec ponam inimicos tuos, 
scabellum pedum tuorum. 
Virgam virtuis tuae emittet 
Dominus ex Sion: 
dominare in media inimicorum tuorum. 
Tecum principium in die virtutis 
tuae in splendoribus sanctorum: ex utero ante 
luciferum genui te. Juravit Dominus, et non 
poenitebit eum: Tu es sacerdos in aeternum 
secundum ordinem Melchisedech. Dominus a 
dextris tuis, confregit in die irae suae reges.
Judicabit in nationibus, implebit ruinas: 
conquassabit capita in terra multorum. 
De torrente in via bibet: propterea exaltabit caput.
Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto. 
Sicut erat in principio, et nunc, et semper, et in 
saecula saeculorum. 
Amen

Oracle de l’Éternel à mon seigneur :
«Siège à ma droite,
que je fasse de tes ennemis
ton marchepied.»
Que l’Éternel étende de Sion
la puissance de ton sceptre !
Domine au milieu de tes ennemis !
Ton peuple est plein d’ardeur le jour où paraît ta force ;
les montagnes saintes,
du lieu où naît l’aurore te vient une rosée de jouvence.
L’Éternel l’a juré, il ne s’en repentira pas :
«Tu es prêtre pour toujours,
à la manière de Melkisédeq.»
Le Seigneur est à ta droite,
Il a écrasé des rois au jour de sa colère ;
Il juge les nations ;
les cadavres s’entassent :
Partout sur la terre, il a écrasé des têtes.
En chemin, il boit au torrent,
Aussi relève-t-il la tête.
Gloire au Père, et au Fils,
et au Saint-Esprit.
Comme il était au commencement, maintenant
et toujours, pour les siècles des siècles.
Amen.

4. Concerto : Nigra sum (Monteverdi)

Nigra sum sed formosa, 
filiae Jerusalem. 
Ideo dilexit me rex 
et introduxit me in cubiculum suum 
et dixit mihi: 
Surge, amica mea, et veni. 
Iam hiems transiit, 
imber abiit et recessit, 
flores apparuerunt in terra nostra. 
Tempus putationis advenit.

Je suis noire et belle,
filles de Jérusalem ;
c’est pourquoi le Roi me chérie,
me fait entrer dans sa chambre,
et me dit :
«Debout, mon aimée, ma belle, et viens !
Car voici que l’hiver passe ;
la pluie cesse, elle s’en va.
On voit des fleurs dans le pays ;
la saison pour chanter est arrivée.»

5. Antienne grégorienne : Diffusa est

Diffusa est gratia in labiis tuis:
Propterea benedixit te Deus in aeternum.

La grâce coule de tes lèvres,
aussi Dieu t’a bénie à tout jamais

6. Psaume 112 : Laudate pueri (Faux-bourdon, puis Monteverdi)

Laudate pueri Dominum,
Laudate nomen Domini. 
Sic nomen Domini benedictum, 
Ex hoc nunc, et usque in saeculum. 
A salis ortu usque ad occasum, 
Laudabile nomen Domini. 
Excelsus super omnes gentes Dominus, 
Wt super coelos gloria eius. 
Quis sicut Dominus Deus noster ? 
Qui in altis habitat, 
et humilia respicit in coelo et in terra. 
Suscitans a terra inopem, 
Et de stercore erigens pauperum; 
Ut collocet eum cum principibus, 
Cum principibus populi sui. 
Qui habitare facit sterilem in domo, 
Matrem filiorum laetantem. 
Gloria Patri, er Filio, 
Et Spiritui Sancto. 
Sicut erat in principio, et nunc, et semper, 
Et in saecula saeculorum. 
Amen.

Serviteurs de l’Éternel, louez,
louez le nom du Seigneur !
Que le nom du Seigneur soit béni,
dès maintenant et pour toujours !
Du soleil levant au soleil couchant,
loué soit le nom du Seigneur !
L’Éternel domine toutes les nations,
et sa gloire est au-dessus des cieux.
Qui est semblable au Seigneur notre Dieu ?
Il siège tout en haut ;
et abaisse son regard sur les cieux et la terre.
Il relève le faible de la poussière,
du fumier il tire le pauvre,
pour le faire asseoir avec les princes,
les princes de son peuple.
Il donne un foyer à celle qui était stérile,
en mère joyeuse au milieu de ses enfants.
Gloire au Père, et au Fils,
et au Saint-Esprit.
Comme il était au commencement, maintenant
et toujours, pour les siècles des siècles.
Amen.

7. Concerto : Pulchra es (Monteverdi)

Pulchra es, amica mea, 
Suavis et decora filia Jerusalem, 
Terribilis ut castrorum acies ordinata. 
Averte oculos tuas a me, 
Quia ipsi me avolare fecerunt

Que tu es es belle, mon aimée,
douce et gracieuse comme Jérusalem,
mais terrible comme une armée rangée en bataille.
Détourne de moi tes yeux,
car eux m’ensorcellent

8. Antienne grégorienne : Tota pulchra es

Tota pulchra es, Maria,
Et macula originalis non est in te.

Tu es toute belle, Marie,
et la faute originelle n’est pas en toi.

9. Psaume 121 : Laetatus sum (faux-bourdon, puis Monteverdi)

Laetatus sum in his quae dicta sunt mihi: 
In domum Domini ibimus. 
Stantes erant pedes nostri, 
in atriis tuis Jerusalem. 
Jerusalem, quae aedificatur ut civitas: 
cuius participatio eius in id ipsum. 
Illuc enim ascenderunt tribus, 
tribus Domini, 
testimonium Israel 
ad confitendum nomini Domini. 
Quia illic sederunt sedes in Judicio, 
Sedes super domum David. 
Rogate quae ad pacem sunt Jerusalem: 
et abundantia diligentibus te; 
Fiat pax in virture tua,
et abundantia in turribus tuis !
Propter frartes meos et proximos meos, 
Loquebar pacem de te ! 
Propter domum Domini Dei nostri, 
Quaesivi bona tibis. 
Gloria Patri, et Filio, 
Et Spiritui Sancto. 
Sicut erat in principio, et nunc, 
Et semper, et in saecula saeculorum. 
Amen.

Quelle joie quand on m’a dit :
«Allons à la maison du Seigneur !»
Nous nous sommes arrêtés
à tes portes, Jérusalem!
Jérusalem, la bien bâtie,
ville d’un seul tenant.
C’est là que sont montées les tribus,
les tribus de l’Éternel,
selon la règle en Israël,
pour célébrer le nom du Seigneur.
Car là sont placés des trônes pour la justice,
des trônes pour la maison de David.
Demandez la paix pour Jérusalem :
Que ceux qui t’aiment vivent tranquilles ;
que la paix soit dans tes murs,
et la tranquillité dans tes palais !
À cause de mes frères et de mes amis,
je désire la paix chez toi !
À cause de la maison du Seigneur notre Dieu,
je veux ton bonheur.
Gloire au Père, et au Fils,
et au Saint-Esprit.
Comme il était au commencement, maintenant
et toujours, pour les siècles des siècles.
Amen.

10. Concerto : Duo seraphim (Monteverdi)

Duo seraphim clamabant alter ad alterum: 
«Sanctus Dominus Deus Sabaoth. 
Plena est omnis terra gloria eius.» 
Tres sunt, qui testimonium dant in coelo,
Pater, Verbum et Spiritus Sanctus. 
Et hi tres unum sunt. 
Sanctus Dominus Deus Sabaoth. 
Plena est omnis terra gloria eius.

Deux Séraphins se criaient l’un à l’autre :
«Saint est le Seigneur, Dieu de l’univers.
Sa gloire remplit toute la terre !»
C’est qu’ils sont trois à rendre témoignage,
l’Esprit, l’eau et le sang,
et ces trois convergent en un.
Saint est le Seigneur, Dieu de l’univers.
Sa gloire remplit toute la terre !

11. Antienne grégorienne : Recordare

Recordare, Virgo Mater, in conspectu Dei,
Ut loquaris pro nobis bona,
Et ut avertat indignationem suam a nobis.
Alleluia.

Rappelle-toi de nous, Vierge Mère, en présence de Dieu,
pour parler en notre faveur,
et pour qu’il détourne loin de nous son indignation. 
Alleluia

12. Psaume 126 : Nisi Dominus

Nisi Dominus aedificaverit domum, 
In vanum laboraverunt qui aedificant eam. 
Nisi Dominus custodierit civitatem, 
frustra vigilat qui custodit eam. 
Vanum est vobis ante lucem surgere, 
surgite postquam sederitis, 
qui manducatis panem doloris. 
Cum dederit dilectis suis somnum: 
ecce haereditas Domini, filii 
merces, fructus ventris. 
Sicut sagittae in manu potentis, 
ita filii excussorum. 
Beatus vir qui implevit desiderium suum ex ipsis: 
non confundetur cum loquetur inimicis suis in porta. 
Gloria Patri, et Filio, 
et Spiritui Sancto. 
Sicut erat in principio, et nunc, 
et semper, et in saecula saeculorum. 
Amen.

Si le Seigneur ne bâtit la maison,
ses bâtisseurs travaillent en vain.
Si le Seigneur ne garde la ville,
la garde veille en vain.
Rien ne sert de vous lever tôt,
de retarder votre repos,
de manger un pain pétri de peines !
À son ami qui dort, il donnera tout autant.
Mais oui ! des fils sont un héritage du Seigneur,
et la progéniture une récompense.
Telles des flèches aux mains d’un guerrier,
tels sont les fils de votre jeunesse.
Heureux l’homme qui en a rempli
son carquois !
Il ne perdra pas la face,
s’il doit affronter l’adversaire aux portes de la ville.
Gloire au Père, et au Fils,
et au Saint-Esprit.
Comme il était au commencement, maintenant
et toujours, pour les siècles des siècles.
Amen.

13. Concerto : Audi caelum (Monteverdi)

Audi, coelum, verba mea, 
plena desiderio et perfusa gaudio. (Eco: Audio!) 
Dic, quaeso, mihi: 
Quae est ista, 
quae consurgens ut aurora 
rutilat ut benedicam. (Eco: Dicam!) 
Dic nam ista pulchra ut luna, 
electa ut sol, replet laetitia 
terras, coelos, maria. (Eco: Maria!) 
Maria Virgo illa dulcis, 
praedicata de propheta Ezechiel 
porta Orientalis. (Eco: Talis!) 
Illa sacra et felix porta 
per quam mors fuit expulsa, 
introduxit autem vita. (Eco: Ita!) 
Quae semper tutum est medium 
inter homines et Deum, 
pro culpis remedium. (Eco: Medium!) 
Omnes hanc ergo sequamur, 
qua cum gratia mereamur 
vitam aeternam 

Consequamur. (Eco: Sequamur!) 
Praestet nobis Deus, 
Pater hoc et Filius, et Mater 
cuius nomen invocamus 
dulce miseris solamen. (Eco: Amen!) 
Benedicta es, virgo Maria, 
in saeculorum saecula.

Écoute, ô ciel, mes paroles
pleines de désir et remplies de joie. (écho : J’écoute !)
Dis-moi, je t’en prie,
qui est celle qui monte
et qui brille comme l’aurore
afin que je la chante. (écho : Je vais le dire !)
Parle, car elle est belle comme la lune,
exquise comme le soleil elle remplit de joie
la terre, les cieux et les mers. (écho : Marie !)
La douce Vierge Marie,
annoncée par le prophète Ézéchiel
comme la porte de l’Orient. (écho : Celle-là même !)
La porte sacrée et bénie,
par laquelle la mort a été expulsée
et qui a amené la vie. (écho : Oui !)
Accordant une protection sûre, elle est la médiatrice
entre les hommes et Dieu,
remède pour nos fautes. (écho : La médiatrice !)
Aussi, suivons-la tous,
car, par sa grâce, nous obtiendrons
la vie éternelle.
Suivons-la. (écho : Oui !)
Que Dieu nous aide,
le Père et le Fils et que la Mère,
dont nous invoquons le doux nom,
apporte la consolation aux malheureux. (écho : Amen !)
Tu es bénie, Vierge Marie,
pour les siècles des siècles. 

14. Antienne grégorienne : Felix es

Felix es, sacra Virgo Maria,
Et omni laude dignissima:
Quia ex te ortus est sol iustitiae,
Christus Deus noster.

Heureuse es-tu, sainte Vierge Marie,
et digne de toute louange : 
car c’est de toi qu’est issu le Soleil de justice,
 le Christ, notre Dieu.

15. Psaume 147 : Lauda Jerusalem (Faux-bourdon, puis Monteverdi)

Lauda Jerusalem Dominum! 
Lauda Deum tuum Sion! 
Quoniam confortavit seras portarum tuarum, 
benedixit filiis cuis in te. 
Qui posuit fines tuos pacem, 
et adipe frumenti satiat te. 
Qui emittit eloquium suum terrae, 
velociter currit sermo eius. 
Qui dat nivem sicut lanam, 
nebulam sicut cinerem spargit. 
Mittit crystallum suam sicut buccellas ;
ante faciem frigoris ejus quis sustinebit ? 
Emittet verbum suum, et liquefaciet ea;
flabit spiritus ejus, et fluent aquae. 
Qui annuntiat verbum suum Jacob, 
justitias et judicia sua Israel. 
Non fecit taliter omni nationi,
et judicia sua non manifestavit eis. 
Gloria Patri et Filio 
et Spiritui Sancto
sicut erat in principio, et nunc 
et semper et in saecula saeculorum. 
Amen.

Glorifie le Seigneur, Jérusalem !
Sion, loue ton Dieu !
Car il a renforcé les verrous de tes portes,
chez toi il a béni tes fils.
Lui qui donne la paix à ton territoire,
il te rassasie de fleur de froment.
Il envoie ses ordres à la terre:
et aussitôt court sa parole.
Il répand la neige comme des flocons de la laine,
il éparpille le givre comme de la cendre.
Il jette ses glaçons comme des miettes ;
devant ses gelées qui résistera ?
Il envoie sa parole, c’est le dégel ;
il fait souffler le vent, les eaux s’écoulent.
Il proclame sa parole à Jacob,
ses lois et ses commandements à Israël.
Cela il ne l’a fait pour aucune des nations,
et elles ne connaissent pas ses commandements.
Gloire au Père, et au Fils,
et au Saint-Esprit.
Comme il était au commencement, maintenant
et toujours, pour les siècles des siècles.
Amen.

16. Sonata sopra Sancta Maria (Monteverdi)

Sancta Maria, ora pro nobis.

Sainte Marie, prie pour nous. 

17. Hymne : Ave maris stella (Monteverdi)

Ave maris stella, 
Dei Mater alma, 
Atque semper Virgo, 
Felix coeli porta.
Sumens illud Ave Gabrielis ore, 
Funda nos in pace, 
Mutans Hevae nomen.
Solve vincla reis, 
Profer lumen caecis,
Mala nostra pelle, 
Bona cuncta posce.
Monstra te esse matrem,
Sumat per te preces,
Qui pro nobis natus,
Tulit esse tuus.
Virgo singularis, 
Inter omes mitis, 
Nos culpis solutos, 
Mites fac et castos.
Vitam praesta puram, 
Iter para tutum
Ut videntes Jesum,

Semper collaetemur.
Sit laus Dei Patri,
Summo Christo decus,
Spiritui Sancto,
Tribus honor unus.
Amen.

Nous te saluons, étoile de la mer,
féconde mère de Dieu,
qui es toujours Vierge,
et l’heureuse porte du ciel.
Comme tu as reçu le salut
de la bouche de Gabriel,
donne-nous l’assurance de la paix,
et change le nom d’Ève.
Romps les liens des coupables,
donne la lumière aux aveugles,
chasse nos maux, et que ton intercession
obtienne de nous tous les biens.
Montre-toi comme notre mère,
et qu’il reçoive par toi nos prières,
celui qui, né pour nous,
voulut bien être ton fils.
Vierge sans égale,
la plus douce qui ne fut jamais,
romps les chaînes de nos péchés,
et fais que nous soyons doux et chastes.
Donne-nous une âme pure :
rends sûr notre chemin vers le ciel,
afin que, voyant Jésus dans son trône,
nous nous réjouissions éternellement.
Louange soit à Dieu le Père,
gloire à Jésus-Christ notre Roi,
et à l’Esprit Saint :
à la Trinité soit rendu un seul hommage.
Amen.

18. Magnificat (Monteverdi)

1- Magnificat anima mea Dominum
2- Et exsultavit spiritus meus in Deo salutaris meo
3- Quia respexit humilitatem ancillae suae 
ecce enim ex hoc beatam 
me dicent omnes generationes.
4- Quia fecit mihi magna qui potens est
et sanctum nomen eius.
5- Et misericordia ejus a progenie in progenies
timentibus eum.
6- Fecit potentiam in bracchio suo: dispersit superbos mente cordis sui.
7- Deposuit potentes de sede: et exaltavit humiles.
8- Esurientes implevit bonis: et divites dimisit inanes.
9- Suscepit Israel puerum suum: recordatus misericordiae suae.
10- Sicut locutus est ad patres nostros: Abraham et semini eius in saecula.
11- Gloria Patri, et Filio, 
et Spiritui Sancto.
12- Sicut erat in principio, et nunc, 
et semper, et in saecula saeculorum. 
Amen.

1- Mon âme exalte le Seigneur,
2- et mon esprit se réjouit en Dieu, mon Sauveur,
3- parce qu’il a regardé la bassesse de sa servante.
Car voici, désormais toutes les générations
me diront bienheureuse.
4- Le Tout Puissant a fait pour moi
de grandes choses : Saint est Son nom.
5- Sa miséricorde s’étend d’âge en âge
sur ceux qui le craignent.
6- Il a déployé la force de son bras ; il a dispersé ceux
qui avaient dans le cœur des pensées orgueilleuses.
7- Il a renversé les puissants de leurs trônes,
et il a élevé les humbles à cette place.
8- Il a rassasié de biens ceux qui souffraient la faim,
et il a renvoyé vides et pauvres ceux qui étaient riches.
9- Il a pris sous sa protection Israël son serviteur,
se souvenant de sa miséricorde ;
10- selon la promesse qu’il a faite à nos pères,
à Abraham et sa postérité pour toujours.
11- Gloire au Père, et au Fils,
et au Saint-Esprit.
12- Comme il était au commencement, maintenant
et toujours, pour les siècles des siècles.
Amen.
 

Auditorium-Orchestre national de Lyon

04 78 95 95 95
149 rue Garibaldi
69003 Lyon

The Auditorium and the Orchestre national de Lyon: music in the heart of the city. 160 concerts per season : symphonic concerts, recitals, films in concerts, family concerts, jazz, contemporary and world music, but also workshops, conferences, afterworks ...