Emmanuel Krivine (1987-2000)
Le 1er octobre 1987, Emmanuel Krivine succède à Serge Baudo ; il restera à la tête de l’orchestre jusqu’au 21 juillet 2000. La collaboration est scellée par une tournée en Turquie en juillet 1988, où l’ONL joue notamment dans les ruines du théâtre d’Éphèse. Porté par une exigence artistique absolue et un caractère entier, Emmanuel Krivine hisse l’Orchestre national de Lyon au rang de grande formation internationale. Il continue de favoriser le répertoire français. La Mer de Debussy, les Tableaux d’une exposition de Moussorgski orchestrés par Ravel, Daphnis et Chloé de Ravel, la Symphonie fantastique de Berlioz deviennent des chevaux de bataille que l’ONL enregistrera et portera à travers le monde lors de ses grandes tournées internationales, notamment celle aux États-Unis en 1991, les trois réalisées au Japon en 1994, 1996 et 1999, ainsi que celle en Allemagne et les deux en Suisse (la seconde faisant une incursion dans le Piémont, à Stresa).
Krivine approfondit également le répertoire allemand romantique et postromantique (jusque-là plutôt négligé), avec une prédilection pour Robert Schumann, Johannes Brahms et Richard Strauss. Il redécouvre également des auteurs plus rares, tel l’Autrichien Alexander Zemlinsky et sa Symphonie lyrique.
Une politique de temps forts
En 1991/1992, l’ONL entreprend une intégrale des symphonies de Gustav Mahler qui s’achèvera au printemps 1994. Les deux points culminant en sont certainement la Sixième Symphonie dirigée par Neeme Järvi à l’Auditorium en février 1993 et la Huitième menée trois mois plus tard par Eliahu Inbal à la Halle Tony-Garnier. Cette politique de temps forts a été instaurée par Patrice Armengau, qui cumule désormais la direction générale de l’orchestre et celle du bâtiment. Elle se poursuit avec deux intégrales plus audacieuses : l’une consacrée à Edgar Varèse (janvier-juin 1996), l’autre à Anton Webern (saison 1997/1998).
Emmanuel Krivine mène également une politique discographique active dans le grand répertoire français (Requiem de Fauré, Symphonie fantastique de Berlioz, Daphnis et Chloé de Ravel, La Mer de Debussy, Troisième Symphonie, «avec orgue» de Saint-Saëns, Tableaux d’une exposition de Moussorgski orchestrés par Ravel, Symphonie en ré mineur de Franck…). Mais il sort également des sentiers battus, que ce soit dans les compléments de programme ou par la redécouverte d’un compositeur comme le Lyonnais Pierre-Octave Ferroud (1900-1936), dont l’intégrale de l’œuvre symphonique occupe deux disques.
Premiers compositeurs en résidence
Dès 1991, sur le modèle découvert par Emmanuel Krivine aux États-Unis, l’Orchestre national de Lyon est la première formation française à accueillir des compositeurs en résidence. Chacun nouera une collaboration de deux ans mêlant travail de pièces existantes, commande d’œuvres nouvelles et enregistrements discographiques, dans le but de créer une véritable familiarité entre l’univers sonore du compositeur, les musiciens de l’orchestre et le public. Le premier à bénéficier de cette invitation est Michael Jarrell (1991-1993). Lui succéderont Pascal Dusapin (1993-1995), Jean-Louis Florentz (1995-1997) et Philippe Hersant (1997-1999).
Restauration de l’Auditorium
Emmanuel Krivine obtient une réfection totale de la grande salle de l’Auditorium. Les travaux commencent en 1992 et s’étalent jusqu’en 1997, afin de préserver les activités artistiques. La salle perd ses fauteuils en mousse mangeurs de son, ses boules acoustiques au plafond qui n’avaient jamais fonctionné, ses «moustaches» (rangs de fauteuils descendant jusqu’aux portes des coulisses) et sa fosse d’orchestre. Elle gagne son actuelle parure de bois (murs de la salle, fauteuils et rideau de fond de scène) qui, outre son aspect chaleureux pour l’œil, apporte une amélioration considérable de l’acoustique. Un concert de gala, le 10 octobre 1997, salue la fin des travaux.